Nico: Nous sommes en tournée avec L’ER et ER, pour 7 dates et on fait la tournée de la sortie de l’album depuis le 12 octobre, deuxième album.
Olivier: Je peux même rajouter qu’on a enregistré avec Steve Albini à Chicago.
Il est arrivé avec une combine de garagiste, il a dit bonjour, il nous a installé des micros, on a joué, il a enregistré, c’était génial, il a mixé, et voilà, on était au top.
Nico: Au depart on devait pas mixer chez Albini, on devait mixer avec notre ingé-son en France, et puis il s’est averé qu’il c’est passé tellement vite et tellement bien que au final c’est un peu lui qui c’est proposé pour mixer l’album, il nous restaient trois ou quatre jours de studio...
Lucien: Il n’y a pas de trucs, de tour de magie, c’est juste qu’il fait les choses bien, il arrive, il met les micros, toi tu joue un morceau, puis après tu va l’écouter en cabine, la question c’est... toi tu fais déjà ton son, le group, en acoustique, et si ça te va c’est cool, après lui il t’enregistre un petit bout, puis tu vas écouter, et en gros il te demande “est-ce que ce que tu entends dans les enceintes, ce que je viens d’enregistrer, est-ce que ça sonne comme ce que vous avez en bas, est-ce que c’est ce que vous voulez?” Si tu lui dis “moi en bas à l’ampli je suis content de mon son, à la batterie je suis content de mon son” mais dans les enceintes tu ne le retrouve pas, il dit “touche rien, c’est moi qui va re-bouger les micros”
Nico: La première chose qui nous a dit quand on l’a rencontré, il nous a dit qu’il n’était pas producteur mais qu’il était ingénieur du son. En fait c’est une grosse différence, et je pense qu’il y a pas mal de groups qui font l’amalgame, et du coup, de toute façon notre son on l’a, et pendant les prises il est très effacé, il ne prends pas parti pris du tout, il reste très distant... si on valide la prise on passe à autre chose, si on ne valide pas il demande pourquoi et il est super pertinente par rapport aux réponses qu’on donne. Et c’est plus pendant le mixage qu’il s’envestit plus, c’est là qu’on voit qu’il est un mec qui à une oreille, plus une sensibilité, plus un savoir faire de dingue, quoi.
Olivier: Je ne parle pas pour tout le monde, mais déjà c’est la référence pour nous. Déjà Chicago c’est quand même une ville hallucinante, en plus être aux Electrical Studio avec Steve Albini ça rajoute encore de l’exceptionnel, et puis de partir... ce n’est pas seulement d’être à Chicago, on aurait pu partir en vacance avec nos amies respectives, nos copines... c’est d’y aller en group, de vivre ça ensemble, d’être finalement dans un confort, parce que le confort ça aurait été de rester ici entre français, entre les choses qu’on connait...
Laurent: bonne pression qu’on s’est mise...
Olivier: au même temps en étant complètement à l’aise pendant les enregistrements
Nico: en fait il arrive vraiment à mettre à l’aise, plein de détails mais... on arrive, on est chez nous, on est uniquement concentrés sur la musique, c’est des détails à la con mais... il n’y a pas d’horaires on pouvait enregistrer quand est-ce qu’on voulait...
Laurent: … c’est midi-minuit...
Nico: oui, voilà, c’est très flexible, on pouvait fumer partout dans le studio, chose que en France c’est impossible, plein de petit détails comme ça qui font que du coup on est là uniquement que pour la musique. On dormait sur place, on mangeait sur place....
Olivier: oui, surtout c’est ça, qu’on partageait la vie avec lui, parce que quand on finissait les prises le soir à minuit ou une heure, peu importe, quand on avait fini ce qu’on avait à faire, au lieu d’aller se faire son truc il était avec nous sur le canapé on regardait la télé avec lui...
On fait la prise du morceau, tout ça, on monte dans la cabine d’écoute, et nous on était attentif à... quoi qu’on en dit, on regardait tout ce qu’il faisait de toute façon, on comprenait rien mais on regardait tout, et nous on regardait, et les petits moments où il était derrière sa table et il bougeait la tête, tu te dis “waah cool”. Voilà il n’est pas très expressif, il n’est pas ”wow les gars” et des fois il est derrière son truc et le petit battement de pied, le petit machin, le petit regard et tout voilà c’était cool... il n’est pas là pour juger, pour dire si c’était bien ou pas, ce n’est pas son rôle mais bon c’est un musicien, c’est un amateur de musique quoi qu’il arrive donc, le moindre petit signe qui disait que il y avait un petit truc qu’il pouvait accrocher, on était fous quoi...
Pour revenir à l’enregistrement, pas pour l’aspect technique mais, il a quand même quelque tour de magie quoi, parce que il y a des petit détails... il a passé, je ne sais pas le système, sur une vieille cassette où il avait enregistré des choses dessus, des trucs à lui, fin je ne sais pas ce qu’il y avait, et il a eu une idée, il voulait mettre de la disto sur la batterie sur une fin de morceau, on ne savait pas comment finir un morceau réellement, on avait une fin mais toute con quoi, et lui il réfléchissait tout ça et puis il sorte une cassette, il a passé la batterie par une cassette, il a fait tout saturer, il a essayé, il n’avait pas fait “tiens je vais essayer ça” et après ça a rendu un truc magnifique...
Puis deux trois autres anecdotes: on finit la mesure sur les bandes et à la fine de la bande ça correspond à la fin du morceau, pil poil, et ça a fait une espèce de..
Nico: … un truc qui ralenti..
Olivier: … ça fait un son un peu irréel... et c’est la première fois que ça lui arrive, il disait “en 20 ans d’enregistrement” que ça lui arrivait quoi. Et il a éclaté en fou rire...
Lucien: ...le truc c’est arrivé à la prise, quand on a enregistré, et c’est rearrivé au même moment au même endroit sur la prise master, sur l’autre bande, le dernier coup du morceau, PAF le bout de la bande qui saute, et donc ça grave le moment où... tu as le son de la bande que “swuish”, et donc quand on a fait le mix on a regravé sur la bande master et ça a re-sauté au même endroit donc ça faisait un effet super.
C’est marrant, tu te surprends, tu te balade dans le studio il y a les bandes, tu sais c’est comme des boites d’archive, tu as les bandes de Shellac, Neurosis, qui trainent, là tu te dis “putain”, là si tu n’as pas assez de trucs pour te le rappeler... c’est con car tu es avec Albini et tout mais il te met à l’aise...
Olivier: [A Chicago il y a] des supermarchés où il y a que des vinyls, on pourrait y passer une semaine dedans... des mecs qui jouent du blues dans la rue, à tout le coins de rue, et ils attrapent le mec d’ici qui se la pete “oui je fais du rock, du blues” et là le moindre gars avec son ampli 1Watt et demi avec des mauvaises guitares et c’est BBKing à tous les coins de rue quoi... voilà c’est le paradis, quoi... moi perso j’ai eu du mal à redescendre en effet, j’y suis encore un peu la bas, je suis rentré chez moi dans les sud et j’ai dit “on est vraiment des cons ici”, il n’y a rien, c’est pauvre....
ça conforte dans notre idée qu’il ne faut pas lâcher, il faut faire ce qu’on as envie de faire, le faire jusqu’au bout, c’est à dire... j’ai fait une petit discussion avec François , du coup, moi je n’achèterais jamais un Pod, et pour ça Albini il m’a conforté dans cette idée là quoi. C’est vrai que coté pratique et tout ça, je chambre un peu, mais ça donne plus envie d’avoir des instruments encore plus lourds, encore plus chiants à transporter, parce que c’est comme ça.
On a fait ça pour que ça marche, on se disait si on mettait “Steve Albini” en gros sur la pochette, et ben peut être qu’il y aurait des mecs qui nous vont faire jouer
Jacopo: et vous avez mis Steve Albini sur la pochette?
Olivier: Non!
Nico: le concept de la longévité, de se dire “on a eu des périodes de merde, la période où on était à Chicago c’était mortelle, l’année d’après on n’a pas fait grand chose car il s’est passé ce qu’il s’est passé”... là on repart en tournée, voilà... mois je pense ce qui prime, dans tous les groups que j’aime et je respecte, c’est la longévité du truc.