D’abord, bien sûr, à travers la presence exceptionnelle de son Président du jury, Art Spiegelman, auteur américain dont le livre Maus a contribué, au plus haut niveau et à l’échelle de la planète, à démontrer que la bande dessinée pouvait témoigner d’une vision d’artiste à la fois singulière et universelle sur un thème aussi délicat et douloureux que le génocide juif, mais aussi la difficulté de communiqué entre un fils et son père. À l’évidence, sa présidence et la portée de son oeuvre – couronnée par deux fois à Angoulême par le Prix du meilleur album étranger, en 1988 et 1993 – marqueront l’histoire du Festival. Son implication dans cette 39e edition est non seulement une grande fierté pour notre manifestation, mais elle est également l’aboutissement d’une démarche, débutée il y a plusieurs décennies et fondée sur la reconnaissance des auteurs de tous les continents. Le Festival lui consacrera bien évidemment une importante exposition, la première vraie retrospective qu’on lui ait consacrée, exposition que la Bpi du Centre Pompidou accueillera ensuite à Paris avant qu’elle ne circule à l’étranger. International, le Festival l’est ensuite par sa programmation. Celle-ci propose un regard éclectique sur la creation européenne avec une exposition ambitieuse, L’Europe se dessine, créée en partenariat avec la Commission européenne et le ministère des Affaires européennes, qui implique des auteurs issus des vingt-sept pays de la Communauté. Une réalisation à laquelle s’adjoint un éclairage, via différentes expositions, sur le foisonnement créatifde pays tels que la Suède et l’Espagne. Une façon pour le Festival de dire à sa manière, au-delà de toute appurtenance politique en ces temps troublés, son attachement à la construction européenne comme manifestation de la solidarité entre les peuples, y compris et surtout dans les moments les plus difficiles. On connaît l’importance des échanges culturels dans de tells contextes. L’avenir et les innovations dont la bande dessinée est porteuse ne se jouent pas seulement aux États-Unis et en Europe, mais aussi, depuis bien des années, en Asie. C’est le sens de l’ouverture continuelle du Festival aux auteurs, aux expressions et aux cultures de cette région du monde. Après les bandes dessinées du Japon, de Chine continentale, de Corée ou de Hong Kong, c’est Taïwan qui est mis à l’honneur cette année avec, là encore, une exposition d’envergure mettant en valeur la créativité foisonnante de ses auteurs. International, le Festival l’est enfin par l’accueil de très nombreux auteurs issus de tous les continents. Des auteurs présents à l’invitation du Festival dans le cadre des « Rencontres Internationales » (suscitant toujours des échanges directs et fructueux avec les festivaliers) et, avant tout, des éditeurs qui les accueillent et leur permettent à la fois de dialoguer entre eux et de rencontrer le public et les médias. Finalement, quelle meilleure prevue peut-on donner de l’idée que la bande dessinée touche à l’universel, si ce n’est en réunissant tous ceux qui, dans le monde, la créent et la diffusent ?
Franck Bondoux et Benoît Mouchart
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