Poétesse et écrivaine, Maram al-Masri est née à Lattaquié en Syrie. Elle étudie littérature anglaise à Damas, où est publié son premier recueil Je te menace d’une colombe blanche. Après l’exil à Paris en 1982, elle revient à la poésie avec Cerise rouge sur un carrelage blanc, édité à Tunis par les éditions de l’Or du Temps, en 1997. Saluée par la critique des pays arabes, sa poésie est traduite dans de nombreuses langues : en allemand, anglais, italien, espagnol, serbe, corse ou turc. En 2003, les Éditions PHI font paraître une traduction française de son second recueil préfacé par Lionel Ray. Quatre ans plus tard, les Éditions al-Manar sortent Je te regarde, initialement publié à Beyrouth, qui obtient le prix de poésie de la SGDL. Ses derniers textes sont Habitante de la Terre (Éditions Sous la lime, 2009), Les âmes aux pieds nus, traduit de l’arabe par l’auteur (Éditions Le Temps des Cerises, 2009) et aux Éditions Bruno Doucey, Par la fontaine de ma bouche (2011), La robe froissée (2012) et Elle va nue la liberté (2013). En juin 2013, elle obtient le Prix international de Poésie Antonio Viccaro. Aujourd’hui Maram al-Masri est considérée comme l’une des voix féminines les plus connues et les plus captivantes de sa génération. Comparée à Sappho en raison de la brièveté de certains poèmes et leur contenu sentimental, elle chante l’amour blessé, l’exil, la condition des femmes et les ravages de la guerre avec une simplicité qui touche au cœur et rejoint un vaste public. En 2013 Bernard Louargant a réalisé un film sur sa vie, The barefoot poetess (La poétesse aux pieds nus).
SA: Vous avez été forcée de fuir votre pays très jeune en raison de situations difficiles. Selon vous, d’où peut venir le changement ?
MM: C’est vrai, la situation politique et sociale n’était pas bonne à vivre dignement et librement… Plus de 22 millions de Syriens vivaient dans ces conditions. Néanmoins, un jour, le 11 mars 2011, plus de 40 % d’entre eux ont dit : assez.
C’est évident, la démocratie est le remède qui peut aider à changer. Elle viendra avec l’éducation et le respect de l’individu, et la volonté de construire un pays de droit.
SA: C’est une question politique, religieuse et culturelle. Quelle est la priorité pour rétablir l’ordre ?
MM: Je pense que tout se mêle dans l’histoire. Comme les tresses de longs cheveux. La priorité est politique à mon avis, car par elle on règle les droits et la loi qui protègent les citoyens.
SA: Avec votre poésie vous avez donné voix à la condition féminine. Comment les femmes ont-elles répondu ? Et les hommes ?
MM: Très bien vraiment. Les femmes m’ont reçue avec grand amour. La preuve : mon livre Les âmes aux pieds nus a eu six rééditions. Les hommes sont touchés par la simplicité et la vérité de mes livres. Je reçois beaucoup de lettres d’hommes, de femmes, et même d’enfants qui rendent hommage à mes livres.
Car ils sont bien les messages d’amour et de tendresse que je fais passer.
SA: On connaît les différences entre Occident et Orient. Cependant les femmes sont toujours victimes de discriminations presque partout. En Italie, par exemple, le taux de féminicides a augmenté. On assiste à une régression. Pourquoi, à votre avis ?
MM: C’est vrai, le combat est difficile, et hélas la violence est en nous à différents degrés. La société, la loi, la littérature, l’art, la philosophie, la religion jouent un rôle pour nous améliorer. Mais l’ambiance générale favorise la montée de la violence, du racisme, etc.
Le mal de vivre dans une société de consommation et de chômage, le manque de spiritualité, tout joue un rôle négatif dans l’amélioration de la société.
SA: Vous êtes citoyenne française, mais vous vous considérez étrangère ? Pourquoi ? Qu’est-ce que chacun d’entre nous doit faire pour être libre ?
MM: Vous savez, nous somme tous étrangers dès que nous franchissons la porte de notre maison. Les gens qui déménagent et s’installent dans un autre quartier se sentent étrangers... Je pense que mon sentiment d’être étrangère est lié à la conscience que je suis une immigrante, même si j’ai les mêmes droits et les mêmes devoirs que tous les français.
SA: Vous connaissez sûrement le mouvement Femen, internationalement célèbre pour avoir organisé des actions, essentiellement seins nus, dans le but de défendre les droits des femmes. Qu’en pensez-vous ?
MM: C’est bien si ça peut changer des choses. Heureusement, elles ont des belles poitrines. Les seins peuvent déclencher l’intérêt des médias plus que la guerre en Syrie. J’aimerais quelles fassent des actions pour la Syrie…
SA: Beaucoup de discriminations viennent des femmes elles-mêmes. Cela rend plus difficile le dialogue. Dans votre expérience quotidienne, rencontrez-vous plus d’hostilité ou de solidarité entre les femmes ?
MM: C’est vrai, il y a des femmes qui ont un rejet total de ma personne.
SA: Plusieurs écrivains ont été menacés, exilés, tués pour avoir écrit des textes « dangereux ». Avez-vous reçu des menaces ou des provocations ? Que faire dans ce cas ?
MM: Oui, j’ai reçu des insultes, des menaces, etc. La peur devient géante et grandit de plus en plus dans le cœur... Je me rends compte de notre fragilité... Mais, en même temps, il y a la volonté de persévérer à défendre la liberté et la dignité.
SA: Avez-vous jamais pensé à votre vie sans la poésie, sans l’écriture ? Qui seriez-vous devenue sans elles ?
MM: Parfois, oui je m’imagine sans écrire de la poésie... Je redeviendrais une femme simplement. Ne plus écrire, ne plus lire, ne plus rester en éveil. C’est fatigant, c’est dur. Mais je ne serais pas Maram... Je ne serais pas moi. Comme si je m’enlevais un œil ou me coupais un bras... Oui, la poésie me donne mon identité au-delà du passeport.
SA: Les âmes aux pieds nus (Paris, éd. Le Temps des cerises, 2009) et Elle va nue la liberté (Paris, éd. Bruno Doucey, 2013) sont les titres de deux de vos recueils de poésie. Qu’est que la nudité représente pour vous ?
MM: La nudité pour moi, c’est l’état de pureté, de vérité, là où nous sommes comme les nouveaux nés. Mais c’est l’état le plus fragile et le plus courageux.
Pourtant, je suis pudique comme femme et comme poète. Mais, dans la poésie je me dénude pour être la plus vraie.
SA: Vous avez été comparée à Sapho. Qu’en pensez-vous ?
MM: C’est un grand compliment. C’est possible que je lui ressemble. C’est drôle de constater qu’une femme qui écrit des poèmes au 21ème siècle puisse ressembler à une autre qui a écrit de la poésie il y a des siècles ! Les sentiments amoureux n’ont pas changé depuis tout ce temps. Mais peu importe à qui je ressemble. L’important est que j’écrive des poèmes qui sont semblables à ceux écrits dans le passé et ont un point commun: l’amour.
SA: L’expérience du film La poétesse aux pieds nus à partir de votre point de vue…
MM: C’est un film qui a été fait avec beaucoup de délicatesse, sans trahison, avec honnêteté. Il est difficile de se juger soi-même, mais ce film retrace ma vie ainsi que ma poésie avec justice et tendresse.
Maram al-Masri
Poetessa e scrittrice, Maram al-Masri è nata a Laodicea in Siria. Ha studiato letteratura inglese a Damasco, dove è stata pubblicata la sua prima raccolta Je te menace d’une colombe blanche. Dopo l’esilio a Parigi nel 1982, è ritornata alla poesia con l’opera Cerise rouge sur un carrelage blanc, uscita a Tunisi nel 1997 per le edizioni Or du Temps. Acclamata dalla critica dei paesi arabi, la sua poesia è stata tradotta in numerose lingue: tedesco, inglese, italiano, spagnolo, serbo, corso e turco. Nel 2003, è apparsa una traduzione francese della sua seconda raccolta, con la prefazione di Lionel Ray (Éditions PHI) e, quattro anni dopo, il libro Je te regarde (Éditions al-Manar), inizialmente pubblicato a Beirut, che ha ottenuto il premio di poesia della SGDL. I suoi ultimi testi sono Habitante de la Terre (Éditions Sous la lime, 2009), Les âmes aux pieds nus, tradotto dall’arabo dall’autrice (Éditions Le Temps des Cerises, 2009) e, per l’Editore Bruno Doucey, Par la fontaine de ma bouche (2011), La robe froissée (2012) e Elle va nue la liberté (2013). Nel giugno del 2013, ha ottenuto il Premio internazionale di Poesia Antonio Viccaro. Oggi Maram al-Masri è considerata una delle voci femminili più note e accattivanti della sua generazione. Paragonata a Saffo per la brevità di alcuni dei suoi componimenti e per la loro tematica sentimentale, la poetessa canta l’amore ferito, l’esilio, la condizione della donna e le devastazioni della guerra con una semplicità che tocca il cuore e raggiunge un vasto pubblico. Nel 2013 Bernard Louargant ha realizzato un film sulla sua vita, The barefoot poetess (La poétesse aux pieds nus).
SA: Sei stata costretta a fuggire dal tuo paese molto giovane a causa della difficile situazione. Secondo te, da dove può venire il cambiamento?
MM: È vero, la situazione politica e sociale non consentiva di vivere dignitosamente e liberamente… Più di 22 milioni di Siriani vivevano in queste condizioni. Tuttavia, un giorno, l’11 marzo 2011, più del 40 % di loro hanno detto: basta!
È evidente, la democrazia è il rimedio che può aiutare il cambiamento. Essa verrà con l’educazione e il rispetto dell’individuo, e la volontà di costruire uno Stato di diritto.
SA: È una questione politica, religiosa e culturale. Qual è la priorità per ristabilire l’ordine?
MM: Penso che nella Storia si mescoli tutto. Come le trecce di lunghi capelli. La priorità è politica, secondo me, perché attraverso la politica si regolano i diritti e le leggi che proteggono i cittadini.
SA: Con la tua poesia hai dato voce alla condizione femminile. Come hanno risposto le donne? E gli uomini?
MM: Davvero molto bene! Le donne mi hanno accolta con grande amore. La prova: il mio libro Les âmes aux pieds nus ha avuto sei ristampe. Gli uomini sono toccati dalla semplicità e dalla verità dei miei libri. Ho ricevuto molte lettere di uomini, di donne e anche di bambini che rendono omaggio ai miei scritti.
Perché sono molti i messaggi d’amore e di tenerezza che faccio passare.
SA: Conosciamo le differenze tra Occidente e Oriente. Tuttavia le donne sono sempre vittima di discriminazioni quasi ovunque. In Italia, per esempio, il tasso di femminicidi è aumentato. Assistiamo ad una regressione. Perché, dal tuo punto di vista?
MM: È vero, la lotta è difficile e, ahimè, la violenza è in noi a diversi gradi. La società, la legge, la letteratura, l’arte, la filosofia, le religione giocano un ruolo nel migliorarci. Ma l’atmosfera generale favorisce l’aumento della violenza, del razzismo, etc.
Il male di vivere in una società di consumi e disoccupazione, il vuoto spirituale, tutto gioca un ruolo negativo nel miglioramento della società.
SA: Sei una cittadina francese, ma ti consideri straniera? Perché? Cosa deve fare ciascuno di noi per essere libero?
MM: Sai, siamo tutti stranieri non appena attraversiamo la porta di casa nostra. Le persone che si spostano e si stabiliscono in un altro quartiere si sentono degli stranieri… Penso che la mia sensazione di essere straniera sia legata alla consapevolezza di essere un’immigrata, anche se ho gli stessi diritti e gli stessi doveri di tutti i francesi.
SA: Conosci sicuramente il movimento Femen, noto a livello internazionale per avere organizzato delle azioni, essenzialmente in topless, al fine di difendere i diritti delle donne. Che ne pensi?
MM: Va bene se può cambiare le cose. Fortunatamente, hanno dei bei seni. I seni possono innescare l’interesse dei media più della guerra in Siria. Vorrei che facessero delle azioni per la Siria…
SA: Molte delle discriminazioni arrivano dalle stesse donne. Questo rende più difficile il dialogo. Nella tua esperienza quotidiana, incontri più ostilità o solidarietà tra le donne?
MM: È vero, ci sono delle donne che mi hanno totalmente respinta.
SA: Molti scrittori sono stati minacciati, esiliati, uccisi per aver composto dei testi “pericolosi”. Hai ricevuto delle minacce o delle provocazioni? Cosa fare in questi casi?
MM: Sì, ho ricevuto insulti, minacce, etc. La paura diventa enorme e cresce sempre di più nel cuore… Mi rendo conto della nostra fragilità… Ma, nello stesso tempo, c’è la volontà di preservare e difendere la libertà e la dignità.
SA: Hai mai pensato alla tua vita senza la poesia, senza la scrittura? Chi saresti diventata senza di loro?
MM: A volte sì, mi immagino senza scrivere poesia… Sarei stata semplicemente una donna. Non scrivere più, non leggere più, non restare più sveglia. È stancante, è dura. Ma non sarei Maram... Non sarei io. Come se mi cavassi un occhio o mi tagliassi un braccio… Sì, la poesia mi dà la mia identità al di là del passaporto.
SA: Les âmes aux pieds nus (Paris, Ed. Le Temps des cerises, 2009) e Elle va nue la liberté (Paris, Ed. Bruno Doucey, 2013) sono i titoli di due delle tue raccolte poetiche. Che cosa rappresenta per te la nudità?
MM: La nudità, per me, è lo stato di purezza, di verità, là dove noi siamo come i neonati. Ma è la condizione più fragile e più coraggiosa.
Pertanto, sono pudica come donna e come poetessa. Ma, nella poesia mi denudo per essere autentica.
SA: Sei stata paragonata a Saffo. Cosa ne pensi?
MM: È un grande complimento. È possibile che le somigli. È divertente constatare che una donna che scrive delle poesie nel XXI secolo possa essere paragonata ad un’altra che ne ha composte tanti secoli fa!
I sentimenti d’amore non sono cambiati dopo tutto questo tempo. Ma poco importa a chi io assomigli.
La cosa importante è che io scrivo delle poesie che sono simili a quelle del passato e che hanno un punto in comune: l’amore.
SA: L’esperienza del film La poétesse aux pieds nus dal tuo punto di vista…
MM: È un film che è stato realizzato con molta delicatezza, senza tradimenti, con onestà. È difficile giudicare se stessi, ma questo film rappresenta la mia vita così come la mia poesia con giustizia e tenerezza.
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