Survivance des lucioles / Georges Didi-Huberman / Editions de Minuit
Dans un petit livre, Survivance des lucioles (Editions de Minuit, 2009), le philosophe et historien de l’art Georges Didi-Huberman trace un parcours possible pour une “politique des survivances”.
Dans un petit livre, Survivance des lucioles (Éditions de Minuit, 2009), le philosophe et historien de l’art Georges Didi-Huberman trace un parcours possible pour une “politique des survivances”. Pendant une période historique carácterisée par de profonds débâcles, Didi-Huberman arrive à nous suggérer que le déclin, même s’il nous paraît total, n’est pas synonyme de disparition. Ce que décline ne disparaît pas. Le point de départ pour le raisonnement du philosophe français est un article que Pier Paolo Pasolini publia dans le “Corriere della Sera” en 1975 (Il vuoto del potere in Italia) et ensuite rassemblé dans le livre Scritti Corsari. Dans cet article Pasolini théorisait la disparition des lucioles, c’est-à-dire la disparition de l’humanité dans la société actuelle. Les lucioles sont les petits insectes presque magiques qui éclairaient les nuits de la campagne italienne avant que l’industrialisation et la pollution les décimât. Ce sont la métaphore de l’humanité, des differences, de la richesse qu’aujourd’hui on a perdu à cause de la homologation imposée par la société de consommation. Pasolini parlait d’un vrai génocide culturel. À travers de le pensé de differents philosophes comme Giorgio Agamben et Walter Benjamin, Didi-Huberman réussit à prouver que cette disparition n’est pas réel: le pessimisme de Pasolini, qui jusqu’à un certain moment ne lui empêchait de voir les simples gestes du peuple dans la purété des mouvements de Ninetto Davoli (dans la Sequenza del fiore di carta, 1968), arrive à un total “désespoir non-dialectique”. Selon l’auteur, Pasolini ainsi que Giorgio Agamben reconnaissaient dans le mot “crise” une radicale “manque”. Mais, à la lumière aveuglante du pouvoir ils correspondent toujours, selon l’auteur, des petites lumières intermittentes. Il faut voir attentivement sans se laisser corrompre par l’horizon qui rend tout plat. Le pouvoir n’existe pas s’il n’y pas des opprimés et dans l’existence de ces opprimés il faut voir des petites signes de résistence. À ce propos, Didi-Huberman cite à Gilles Deleuze et Félix Guattari quand, dans le livre Franz Kafka. Pour une littérature mineure, parlent de “lumière mineure”, la lumière du peuple et des conditions révolutionnaires innées dans sa même marginalitation. En réfutant les théories du dernier Pasolini et de Agamben, Didi-Hubermann montre un profond amour envers eux. Mais dans le même temps il cherche une possible voie pour s’échapper du désespoir qui caractérise leur pensé, une forme d’espoir pour rendre possible notre pleine existence ici, dans le monde que nous avons eu en partage. Pour cette raison, le philosphe subdivise sont livre en couples de chapitres qui s’opposent: Enfers? – Survivences, Apocalypses? – Peuples, Destructions? – Images. À la “lumière du pouvoir” il oppose la “lueur du contre-pouvoir”. C’est vrai: nous vivons une période de crise, de chute. Mais si quelque chose tombe, ça ne signifie pas qu’elle disparaît. La chute est une forme de mouvement, c’est une experience elle même. Didi-Hubermann cite aussi Hanna Arendt et son expression “force diagonal” (dans le livre Between Past and Future): la force de l’activité du même pensé qui naît du point de collision entre passé et futur mais qui à un terme illimité. Ça depend tout de notre pensé, de notre capacité de voir les lucioles qui restent à éclairer la nuit. “Mais pour faire ça, nous devons gagner la liberté de mouvement, le retrait qui ne soit pas repliement sur soimême [...] Nous mêmes - en retrait par rapport au règne et à la gloire, dans la lacune ouverte entre passé et futur – devons nous transformer donc en lucioles et rèformer, ainsi, une communauté du dèsir”. On pourrait entendre ce même petit livre de Didi-Huberman comme une luciole qui, à travers de ses citations des philophes du dernier siècle, nous rend une lueur, une faible lumière sur le présent, capable de nous proposer une alternative à la soumission au pouvoir. Et, en parlant de “communauté du dèsir”, Didi-Huberman se réfère aussi à une dimension collective, pas seulement intérieur, personnel. D’ailleurs, les lucioles apparaissent souvent en petits groupes et, depuis les terribles années quatre-vingts, des petits groupes de lucioles sont vraiment revenus à éclairer nos nuits champêtres.
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