Né en 1967 à Tizi Ouzou, en Algérie, Karim Metref a travaillé comme professeur d’éducation artistique dans une école moyenne, après le diplôme de l’Institut technologique de l’éducation de Ben. Engagé dans la lutte pour l’accès aux droits démocratiques en Algérie et militant du Mouvement Culturel Berbère, il a contribué à animer la vie culturelle de son pays d’origine et à gérer la grève du cartable, le boycott de l’école algérienne pour exiger l’officialisation de la langue berbère dans le système scolaire, au côté de l’arabe. Depuis 1998, Il s’est installé en Italie, et vit actuellement à Turin. Éducateur et formateur en éducation interculturelle, éducation à la paix, gestion non-violente des conflits, il a collaboré comme freelance avec différentes associations et organisations. Il a participé à une mission humanitaire à Bagdad sous l’occupation américaine durant l’année 2004. Parallèlement au travail d’éducateur, il a pratiqué le journalisme et l’écriture sous différentes formes. Parmi ses publications se trouvent le livre de textes et de photographies Baghdad e la sua gente (Terre des Hommes Italia, 2005), le recueil de lettres Caravan to Baghdad (Mangrovie, 2007) et les nouvelles de Tagliato per l’esilio (Mangrovie, 2008). Son blog, qui parle principalement des droits des immigrés et des questions internationales (Afrique du Nord et Moyen Orient) est cité et repris régulièrement par différents sites d’information et autres blogs. Il a aussi créé le site LettERRANZA, dédié à la production littéraire d’écrivains migrants en italien. Actuellement il travaille sur des sites d’information glocale et interculturelle.
Nous vous proposons notre interview de Karim Metref sur les luttes politiques en Kabylie pendant la guerre civile algérienne, le Printemps arabe et le rôle de l’Occident dans la démocratisation des pays arabes, la mission à Bagdad, l’exil, l’immigration et l’interculture.
SA: Bonjour Karim! Journaliste et écrivain né en Kabylie, une région située dans le nord de l’Algérie, vous êtes arrivé en Italie dans les années 90. Pourquoi l’Italie?
KM: Bonjour. En fait l’Italie pour moi a été une espèce de non-choix. Il me plaît de penser que c’est un peu elle qui m’a choisi. Au tout début des années 90, à peine nommés professeurs d’école moyenne, avec un ex compagnon d’études, nous décidons de nous offrir avec les économies de notre première année de salaire un voyage en Europe pour les vacances. Il se trouve que l’Italie était à l’époque le dernier pays d’Europe occidentale qui accordait des visas aux algériens.
Nous débarquons à Rome avec un visa de 5 jours seulement sur nos passeports et 3000 Francs Français chacun dans la poche. Mais armés de bonnes chaussures et de robustes sacs à dos, nous étions décidés à manger autant de kilomètre que nous auraient permis nos forces et nos maigres moyens. Nous avons parcouru tout le sud de la péninsule à pied et en autostop: Campagne, Pouilles, Calabre et Sicile. Une aventure parfois dure mais qui nous a changé la vie. Encore aujourd’hui, quand nous nous retrouvons nous continuons à évoquer les innombrables anecdotes nées de ce voyage.
Un an après, comme un signe du destin, je recevais en tant qu’activiste pour les droits culturels depuis Rovereto (Trentino) une invitation à participer à une université d’été sur la culture de la Paix. Une expérience merveilleuse qui m’a fait rencontrer des associations et des organismes qui m’ont permis de revenir plusieurs fois en Italie pour participer à des formations, rencontres, ateliers, séminaires... Jusqu’au jour où j’ai connu une femme avec laquelle j’ai décidé de vivre. Et dans ce cas là, l’Algérie étant à l’époque immergée jusqu’au cou dans la guerre civile, je n’avais plus le choix. Je me suis installé avec ma compagne en Ligurie. A Rapallo, pas loin de Gènes. Et depuis, même si j’ai changé de compagne, de vie et de ville, je suis resté en Italie.
SA: Parlez-nous des luttes politiques en Kabylie pendant la guerre civile algérienne et du Mouvement Culturel Berbère. Et quel rôle y avez-vous joué?
KM: Je suis né quelques années après l’indépendance du pays. Nos parents étaient encore dans l’euphorie. Pour eux qui ont vécut comme des sous humains sous la France, avoir l’école pour tous, le travail dignement rémunéré, la santé gratuite, c’était le paradis sur terre. Mais nous qui n’avons pas connu le colonialisme et élevés avec l’idée que le pays était propriété de son peuple, nous commencions à prétendre encore plus de justice sociale, plus de droits, de libertés... Ensuite le cas de la Kabylie est particulier. La région est la plus grande et plus peuplée des régions berbérophone d’Afrique du Nord. C’est un pays qui s’est toujours rebellé à la domination et à l’injustice depuis l’antiquité. Les Chroniques romaines sont pleines d’informations sur les révoltes récurrentes des « Quinquegentes del Montferratus » comme ils les appelaient.
Après l’indépendance pour laquelle la Kabylie a payé le prix le plus lourd, nous nous sommes retrouvés pratiquement étrangers, parce que notre culture et notre langue étaient déclarées illégales par le gouvernement né de la confiscation du pouvoir par le groupe des nationalistes arabes au sein du mouvement de libération, qui était pourtant pluriel dans sa genèse. Ceci a fait que la Kabylie a été toujours la plus active contre le régime. Et que les activistes « berbéristes » étaient aussi souvent leader syndicalistes, féministes, leaders du mouvement estudiantin... Cela a fait aussi qu’après l’ouverture politique de 1989, la Kabylie n’a pas succombé à la vague intégriste. Dans les autres régions les islamistes étaient l’unique alternative au pouvoir en place. En Kabylie l’opposition n’était pas une nouveauté. Le Mouvement Culturel Berbère était à l’avant garde de toutes les luttes. Ceci a fait que pendant la guerre civile la Kabylie a eu une situation particulière. D’une part la population locale n’a pas contribué à alimenter les maquis islamistes et ne les as pas soutenus. Mais d’autre part, du fait que sa population ait toujours été hostile au pouvoir central, la Kabylie, riche de montagne et de forets, est devenue le refuge idéal pour de nombreux groupes armés intégristes. Cela nous a mis entre deux feux. D’une part les Groupes Islamistes Armés (GIA), d’autre part l’Armée Nationale Populaire. Tenir la voie médiane n’a pas été facile. Mais à la fin la Kabylie s’en est sortie avec moins de victimes que les régions voisines. Mais la présence des groupes armés a permis de justifier une militarisation sans égal de la zone. Aujourd’hui la population a une impression très nette du fait que les groupes armés sont maintenus sciemment dans la région pour permettre la permanence de la lourde présence militaire. Le régime algérien sait très bien que si un jour il tombera ce sera par la Kabylie.
Moi j’ai joué le rôle de milliers d’autres jeunes Kabyles de l’époque. J’étais une fourmille ouvrière parmi tant d’autres. Quand le mouvement a commencé j’avais une dizaine d’années. Puis progressivement j’ai rejoint mes ainés. Vers les années 90 le mouvement a assuré sa présence dans les villages à travers les associations. Jusqu’à l’année de ma venue en Italie, en pleine guerre civile, avec plusieurs activistes de ma commune nous avons animé la vie culturelle de la zone, en cherchant à ne pas nous rendre à la peur et à l’isolement. Nous avons aussi contribué à gérer une des actions les plus extraordinaires du mouvement: La grève du cartable. En 1995 le MCB a lancé un appel au boycott de l’école algérienne jusqu’à l’introduction de la langue berbère dans le système scolaire. 1 million d’étudiants de tous les niveaux se sont abstenus d’aller à l’école pour une année entière. Une mobilisation sans pareil et une lutte unique en son genre.
SA: Quelle est la situation actuelle en Kabylie, du point de vue des droits culturels, civils et politiques?
KM: Si du point de vue culturel la Kabylie a remporté plusieurs victoires: reconnaissance du Tamazight (langue berbère) comme langue nationale, introduction dans le système scolaire, chaine télévisée publique en Tamazight... D’un point de vue civil et politique il y a eu un retour de flamme. La région, plus que toutes les autres, paie les frais de la guerre civile.
La Kabylie est en profonde crise. Le Mouvement Culturel Berbère n’existe plus. Les activistes ont vieilli, sont allés ailleurs, se sont embourgeoisés ou sont simplement fatigués. Les partis politiques nés du mouvement ont perdu toute crédibilité et continuent à se faire la guerre pour ramasser les miettes de pouvoir laissées par le régime autocratique. Les jeunes en veulent à notre génération. Nos choix progressistes, universalistes et nonviolents ne sont pas toujours compris. Aujourd’hui c’est surtout la loi du « chacun pour soi »: individualisme, business, refus de la politique. D’autre part la région connait la naissance d’un mouvement autonomiste raciste et fascisant. C’est encore à un niveau embryonnaire mais ça reste un danger. Le régime ne demande pas mieux que l’apparition d’un mouvement armé kabyle. Ça lui donnerait carte blanche pour réprimer sauvagement.
SA: En ce qui concerne le Printemps arabe, pensez-vous que les émeutes des différents pays ont eu une base commune? Pour mieux comprendre la dynamique, faut-il se concentrer sur la composante « arabe » des soulèvements ou adopter une perspective plus large?
KM: Les soulèvements qui ont marqué presque tout ce que l’on appelle le « Monde Arabe » ont effectivement une base commune. La base c’est le ras le bol des nouvelles générations qui savent n’avoir aucun avenir devant elles. Les dernières bribes de richesses de ces pays continuent à être accaparée par les classes dirigeantes violentes, corrompues et corruptrices. Les peuples sont condamnés à une prison à perpétuité à ciel ouvert. Les jeunes d’aujourd’hui ont cessé de croire dans la rhétorique nationaliste panarabiste sur laquelle ces régimes ont construit leur légitimité.
À vrai dire les avant-gardes (si on peut les appeler ainsi) des révoltes n’étaient même pas sensibles à la rhétorique islamiste. Ils n’avaient pas une autre idéologie. Au début nous l’avons tous vu que l’islamisme était complètement étranger à ces révoltes.
La force de propulsion de ces mouvements c’était le désir de liberté. Mais malheureusement on ne vit pas de liberté et très vite les islamistes se sont imposés comme l’unique force politique organisée et … il faut le dire, généreusement financée par les monarchies du Golf avec la bénédiction des pays de l’OTAN.
SA: L’occident peut-il apporter une réelle contribution à la démocratisation des pays arabes?
KM: Avant de répondre à cette question, il faudrait établir d’abord Qu’est-ce que l’Occident? Sont-ce ses mouvements de la société civile ou ses gouvernements et ses multinationales? Est-ce l’humanisme et la culture des droits de l’homme ou le colonialisme et l’extermination de peuples entiers? Est-ce Sartre ou De Gaulle?
Si les Sartres, en quelque sorte, et un peu tard (mais mieux vaut tard que jamais) ont fini par s’opposer à la barbarie du colonialisme, les De Gaulles -qui tiennent les cordons de la bourse et le fusil du bon coté- ont juste fait semblant de partir mais ont instauré un système, le néocolonialisme construit sur les dictatures indigènes, encore plus barbare, encore plus criminel.
Aujourd’hui il n’y a plus ni Sartre ni De Gaulle. La société civile progressiste et humaniste occidentale est plus faible et désorientée que jamais. En Politique, la génération des De Gaulle et Churchill est morte et enterrée. La nouvelle génération est celle des Berlusconi, Blair, Zapatero et Sarkozy dirigeants sans patriotisme dont la seule idéologie sont les sondages d’opinion et qui travaillent exclusivement pour leurs carrières politiques. Carrières assurées en portant la diplomatie et la force de frappe militaire de leurs nations respective non plus au service de la nation même mais au service de quelques poignées de multinationales. De Gaulle mettait toute l’Afrique en chaine pour préserver le monopole de Elf-Acquitaine, une entreprise d’état qui a enrichi la France. Sarkozy la bombarde pour favoriser Total, Bolloré, et Bouygues, des groupes privés qui portent leurs gains dans les paradis fiscaux.
Donc si d’une part, l’occident qui devrait faire quelque chose et aurait tant de bonnes chose à faire pour aider les jeunes des pays arabes à se libérer, ne peut pas et ne sait pas faire. L’autre occident, celui des armées et des espions au service du capital ne veut absolument pas apporter une aide pour la démocratisation du monde arabe. Il est en train de faire ce qu’il peut pour qu’il y ait des dictatures mais qui soient à ses ordres. Au tout début des émeutes en Tunisie, en 2010, j’écrivais sur mon blog un post (De Tunis a Sanaa: Et si on laissait fleurir les jasmins?) qui disait: « Quelle serait alors la meilleure chose que pourrait faire l’Europe et les États-Unis pour aider nos pays? (…) Le mieux serait d’arrêter de soutenir les dictatures et les mafias, parce qu’ils seraient un « moindre mal ». Laisser les gens faire leur propre parcours politique. Ne pas décider ce qui est mieux pour eux et ce qui est pire. (…) remettre les laisses à leurs mercenaires, leurs trafiquants d’armes, leurs multinationales criminelles, leurs services secrets, leurs soit-disons experts en sécurité et autres conseillers militaires ... »
SA: Le livre de textes et de photographies Baghdad e la sua gente (Ed. Terre des Hommes Italia, 2005) et le recueil de lettres Caravan to Baghdad (Mangrovie, 2007) sont le fruit de votre expérience dans la ville sous l’occupation américaine durant l’année 2004. Voulez-vous raconter certains de vos souvenirs de cette mission?
KM: La Bagdad que j’ai connue n’était que l’ombre d’elle même. Les guerres qui se sont succédées les unes aux autres, 13 ans d’embargo, 30 ans de gestion criminelle de la part du régime du Baath... tout cela en a fait une ville absurde. Sans passé ni futur. Les vieux quartiers du centre, ceux qui pouvaient être le vrai trésor de la ville, sont dans un état désastreux. Un vrai gâchis. Le reste est une espèce de périphérie sans fin faite de maisons individuelles sans caractère et de bâtisses publiques prétentieuses mais sans charme. Malgré tout ça je suis resté fasciné par cette ville. Une ville extraordinaire par sa population.
Je suis parti, la tête farcie d’idées préconçues sur l’Irak. Je m’attendais un pays monoculturel, rigide... des gens tristes et silencieux. J’ai trouvé une ville pleine de vie. Des dizaines de cultures différentes. J’avais travaillé dans l’ex quartier juif « Al battawin ». Aujourd’hui il est habité par au moins dix groupes différents: arabes, Kurdes, Chaldéens, Assyriens, musulmans, chrétiens, Yazidis, Sabéens. On m’avait dit qu’il y avait encore deux ou trois familles de juifs. Et tant que j’étais là, la Synagogue du quartier était encore en fonction, jalousement surveillée par son gardien musulman.
J’ai travaillé avec les enfants des rues. Un phénomène assez nouveau en Irak à l’époque. Une expérience merveilleuse. Les yeux des enfants d’Al Battawin quand ils ont vu un clown pour la première fois dans leur vie ont largement payé toute la fatigue et le stress accumulé pendant la première phase du projet. C’était pendant les quelques mois de calme qui ont suivi l’occupation. Très vite on a tous du partir. Le jeu s’est fait très dur et le travail de rue était devenu impossible, surtout pour des étrangers.
Je reste encore avec le désir d’y retourner un jour, ne serait-ce que pour remarcher dans les rues sales d’Al Battawin, siroter un thé fort et très sucré dans la boutique de l’oncle Ali, sur la place du marché de Bab Ashargi, pour manger le Mansaf -poisson cuit au feu de bois- le long des rives de l’Euphrate...
SA: Votre recueil de nouvelles Tagliato per l’esilio (Mangrovie, 2008) s’ouvre sur une réflexion autobiographique: Il 25 novembre 1967 nascevo in esilio sulla terra dei miei avi (Le 25 novembre 1967, je suis né en exil sur la terre de mes ancêtres)…
KM: Oui, en fait depuis que je vis à l’étranger, loin de ma Kabylie, j’ai beaucoup réfléchi sur le thème de l’exil. Et je me suis rendu compte que: 1. il y a plusieurs formes d’exil, 2. on est souvent en exil même en vivant chez soi, 3. l’exil extérieur (celui du migrant) n’est pas le pire des exils.
Même si la culture populaire nous a toujours gavé de concepts comme la nostalgie, le mal du pays, la mélancolie du migrant, de l’exilé. Et même si souvent les migrants ont joué le rôle et ont fait ce que l’on s’attend d’eux, être triste, penser et parler souvent du pays natal... etc. Les très faibles pourcentages de retours sont une des preuves de la fausseté de ces assertions. C’est vrai que l’immigré marginalisé, pauvre et discriminé se sent mal en exil et identifie le pays natal à sa recherche de bonheur. Mais c’est tout autant vrai que qui est marginalisé, pauvre et discriminé dans son pays natal se sent mal. Et alors souvent pour la recherche du bonheur il ne voit d’autre solution que la migration... Donc on peut dire que le pauvre est en exil partout.
Moi mon exil intérieur n’est pas du a la pauvreté. Je suis né dans une famille ni riche ni pauvre. Bien que n’ayant jamais connu le luxe, j’ai toujours eu le nécessaire pour vivre plus que dignement. Mais ma famille, à cause de mon grand père, un libre penseur assez têtu qui a toujours dit ce qu’il pensait, a toujours vécu en marge de la communauté. Marginale parce que considérée différente. On ne subissait aucune discrimination. Personne ne nous manquait de respect. Mais nous n’étions pas comme les autres. Le regard des gens ne nous l’a jamais caché.
Le départ vers l’émigration m’a fait réfléchir sur mes deux vies, à ma relation avec les deux sociétés où j’ai vécu. C’est ce qui m’a porté à écrire cette introduction.
SA: Quels obstacles avez-vous rencontré dans votre travail d’éducateur interculturel en Italie?
KM: Les obstacles que j’ai rencontré sont surtout d’ordre économique. Quand je suis arrivé en Italie, à la fin des années 90, on travaillait bien avec les écoles. Les enseignants faisaient plein de cours de mise à jour, et le ministère activait plein de cours et d’ateliers avec des externes. Aujourd’hui l’école italienne est complètement paupérisée. Elle n’arrive même plus à se payer le papier pour les photocopies. Figurez-vous les ateliers de mise à jour.
L’autre problème est un problème de contenus. La parole « interculture » a été introduite dans les textes législatifs et programmatiques scolaire en 1990. Cela correspond exactement à l’année de la première loi sur l’immigration. Le pays décide de faciliter la présence d’ouvriers d’origine étrangère moins exigeant sur les salaires et porteurs de moins de droits pour maintenir compétitif le produit italien. Alors le gouvernement de l’époque a légiféré pour définir tout ce qui concerne la présence des travailleurs étrangers sur le sol italien. Y compris le regroupement familial et l’intégration à l’école des enfants.
C’est inévitable après ça que la plupart des enseignants confondent les activités interculturelles avec l’accueil des enfants d’immigrés. La plupart des écoles qui m’appellent disent: « cette année nous avons beaucoup d’élèves étrangers », ou bien « nous commençons à en avoir quelques un, alors nous avons décidé de... ».
Alors trop souvent au lieu de vivre la dimension interculturelle comme une préparation continue des étudiants pour les aider à affronter un monde toujours plus globalisé, ils le vivent comme une bonne action à faire de temps en temps pour se donner bonne conscience. Ceci dit, malgré l’absence d’un projet structurel d’introduction de la dimension interculturelle dans l’éducation en Italie, il y a des expériences isolées d’école et de collèges qui ont vraiment réalisé des projets ambitieux et intelligents. Mais c’est seulement grâce à l’engagement, la créativité et la culture de certains enseignants.
SA: Vous avez créé le site LettERRANZA, dédié à la production littéraire d’écrivains migrants en italien. À votre avis, peut-on parler de «littérature migrante» comme un genre à part entière?
KM: Moi je n’utilise pas les paroles «littérature migrante», je préfère l’expression plus longue de « production littéraire d’écrivains immigrés ». Cela parce que je ne crois pas à l’existence d’un genre littéraire migrant. Il n’y a pas un courant de pensée, il n’y a pas un genre, un style, un langage ou une thématique commune. Il y a un juste la condition des auteurs qui est semblable. Celle de personnes qui sont arrivées en Italie, de pays non italophones, et qui ont choisi d’écrire non pas dans leur langue natale, ou dans la langue coloniale dominante dans leurs pays d’origine mais dans la langue du pays d’accueil. C’est un choix d’ouverture et de dialogue mais en même temps d’affirmation de soi. L’écrivain immigré s’ouvre au dialogue avec la société d’accueil, mais il choisit de se raconter tout seul. Il ne laisse pas à la majorité le contrôle sur son histoire. Il refuse les deux résultats extrêmes du manque de dialogue: l’assimilation et le repli identitaire.
SA: Vos projets actuels et futurs?
KM: Moi je suis une personne qui projette en continuation. Beaucoup des projets que j’ai en tête ne voient jamais le jour. Plusieurs autres voient le jour mais ne font pas long feu. À la fin les plus solides résistent et continuent leur bonhomme de chemin. Une espèce de sélection naturelle.
En ce moment je travaille sur un site d’information glocale et interculturel (www.glob011.com) que j’ai créé avec une poignée d’amis à Turin. Nous voudrions le renforcer et peut-être le reporter sur le papier comme journal à distribution gratuite. Nous croyons que la presse gratuite est très lue par les couches les moins cultivées et nous voudrions mettre entre les mains des gens un journal gratuit mais qui parle de choses intéressantes. On voudrait aussi comme groupe lancer une grande foire culturelle qui s’inscrit dans la même ligne de porter de la culture dans les lieux populaires, loin des palais et des théâtres rutilants.
Un autre projet sur lequel je travaille comme rédacteur en chef c’est un site d’information sur les questions qui concernent l’immigration et la multiculturalité. (www.media4us.it). C’est une tentative de créer un réseau de reporter d’origine étrangère à travers le territoire pour faire arriver une vision de la société italienne vue par ceux qui y vivent mais qui viennent d’ailleurs.
Ensuite j’aimerais bien finir deux ou trois livres que j’ai commencé sur mon pc, mais qui sont toujours mis de côté parce que j’ai autre chose à faire.
Karim Metref
Nato nel 1967 a Tizi Ouzou, in Algeria, Karim Metref ha lavorato come professore di educazione artistica in una scuola media, dopo il diploma all’Istituto tecnologico dell’educazione di Ben. Impegnato nella lotta per l’accesso ai diritti democratici in Algeria e militante del Movimento Culturale Berbero, ha contribuito ad animare la vita culturale del suo paese d’origine ed a condurre lo sciopero della cartella, il boicottaggio della scuola algerina per ottenere il riconoscimento della lingua berbera nel sistema scolastico, accanto all’arabo. Dopo il 1998 si è stabilito in Italia e vive attualmente a Torino. Educatore e formatore in educazione interculturale, educazione alla pace, gestione non violenta dei conflitti, ha collaborato come freelance con diverse organizzazioni e associazioni. Ha partecipato ad una missione umanitaria a Bagdad durante l’occupazione americana del 2004. Parallelamente al lavoro di educatore, ha praticato il giornalismo e la scrittura. Tra le sue pubblicazioni si annoverano il libro di testi e di fotografie Baghdad e la sua gente (Terre des Hommes Italia, 2005), la raccolta di lettere Caravan to Baghdad (Mangrovie, 2007) e i racconti di Tagliato per l’esilio (Mangrovie, 2008). Il suo blog, che parla principalmente dei diritti degli immigrati e di questioni internazionali (Africa del Nord e Medio Oriente) è citato e ripreso regolarmente da diversi siti d’informazione e altri blogs. È anche il creatore del sito LettERRANZA, dedicato alla produzione letteraria di scrittori immigrati in italiano. Attualmente lavora su dei siti di informazione glocale e interculturale.
Vi proponiamo la nostra intervista a Karim Metref sulle lotte politiche in Cabilia durante la guerra civile algerina, la Primavera araba e il ruolo dell’Occidente nella democratizzazione dei paesi arabi, la missione a Bagdad, l’esilio, l’immigrazione e l’intercultura.
SA: Buongiorno, Karim! Giornalista e scrittore nato in Cabilia, una regione dell’Algeria del Nord, sei arrivato in Italia negli anni ‘90. Perché l’Italia?
KM: Buongiorno! Infatti l’Italia per me è stata una specie di non-scelta. Mi piace pensare che sia un po’ lei che ha scelto me. Nei primi anni ‘90, appena nominati insegnanti di scuola media, con un ex compagno di studi, abbiamo deciso di offrirci con i risparmi del nostro primo anno di stipendio un viaggio in Europa per le vacanze. All’epoca l’Italia era l’ultimo paese dell’Europa Occidentale che concedeva i visti agli algerini.
Siamo atterrati a Roma con un visto di soli 5 giorni sui nostri passaporti e 3000 Franchi francesi ciascuno in tasca. Ma armati di buone scarpe e di robusti zaini, eravamo determinati a macinare tanti chilometri quanti ci avrebbero permesso le nostre forze e le nostre magre risorse. Abbiamo percorso tutto il Sud della penisola a piedi e in autostop: Campania, Puglia, Calabria e Sicilia. Un’avventura talvolta dura, ma che ci ha cambiato la vita. Ancora oggi, quando ci ritroviamo, continuiamo a ricordare gli innumerevoli aneddoti legati a quel viaggio.
Un anno dopo, come un segno del destino, ricevevo come attivista per i diritti culturali da Rovereto (Trentino) un invito a partecipare a un’università estiva sulla cultura della Pace. Un’esperienza meravigliosa che mi ha fatto incontrare delle associazioni e delle organizzazioni che mi hanno permesso di ritornare più volte in Italia per partecipare a dei corsi di formazione, incontri, workshop, seminari… Fino al giorno in cui ho conosciuto una donna con la quale ho deciso di vivere. E in quel caso – l’Algeria all’epoca era immersa fino al collo nella guerra civile – non avevo più scelta. Mi sono stabilito con la mia compagna in Liguria. A Rapallo, non lontano da Genova. E poi, anche se ho cambiato compagna, vita e città, sono rimasto in Italia
SA: Parlaci delle lotte politiche in Cabilia durante la guerra civile algerina e del Movimento Culturale Berbero. Che ruolo hai avuto?
KM: Sono nato qualche anno dopo l’indipendenza del paese. I nostri genitori erano ancora in preda all’euforia. Per coloro che hanno vissuto come dei subumani sotto la Francia, avere la scuola per tutti, il lavoro degnamente remunerato, la salute gratuita, era il paradiso sulla terra. Ma noi che non abbiamo conosciuto il colonialismo e cresciuti con l’idea che il paese fosse di proprietà del suo popolo, abbiamo cominciato a pretendere ancora più giustizia sociale, più diritti, più libertà… Del resto il caso della Cabilia è particolare. La regione è la più grande e la più popolosa delle regioni berberofone dell’Africa del Nord. È un paese che si è sempre ribellato alla dominazione e all’ingiustizia sin dall’antichità. Le cronache romane sono piene d’informazioni sulle frequenti rivolte delle “Quinquegentes del Montferratus”, come esse le chiamano.
Dopo l’indipendenza, per la quale la Cabilia ha pagato il prezzo più alto, ci siamo ritrovati ad essere praticamente stranieri, perché la nostra cultura e la nostra lingua erano dichiarate illegali dal governo nato dalla presa del potere da parte del gruppo di nazionalisti arabi in seno al movimento di liberazione. Movimento che era plurale nella sua genesi. Ciò ha fatto sì che la Cabilia è stata sempre la più attiva contro il regime. E gli attivisti “berberisti” spesso erano anche leader sindacalisti, femministi e del movimento studentesco… Inoltre, dopo l’apertura politica del 1989, la Cabilia non ha ceduto all’ondata fondamentalista. Nelle altre regioni gli islamisti erano l’unica alternativa al potere sulla piazza. In Cabilia l’opposizione non era una novità. Il Movimento Culturale Berbero era l’avanguardia di tutte le lotte. Durante la guerra civile la Cabilia ha attraversato una situazione particolare. Da una parte la popolazione locale non ha contribuito ad alimentare i maquis islamisti e non li ha sostenuti. Ma dall’altra parte, per la sua tradizonale ostilità al potere centrale, la Cabilia, ricca di montagne e di foreste, è diventata il rifugio ideale per i numerosi gruppi armati fondamentalisti. Questo ci ha messo tra due fuochi. Da una parte i Gruppi Islamici Armati (GIA), dall’altra l’Armata Nazionale Popolare. Mantenere la via di mezzo non era facile. Ma alla fine la Cabilia ne è uscita con meno vittime delle regioni vicine. La presenza dei gruppi armati ha permesso di giustificare una militarizzazione senza eguali della zona. Oggi la popolazione ha un’impressione molto netta del fatto che i gruppi armati sono mantenuti consapevolmente nella regione per permettere la permanenza della pesante presenza militare. Il regime algerino sa molto bene che se un giorno cadrà sarà a causa della Cabilia.
Io ho avuto lo stesso ruolo di migliaia di altri giovani cabili dell’epoca. Ero una formica operaia tra tante altre. Quando il movimento è cominciato avevo una decina d’anni. Poi, progressivamente, ho raggiunto i miei fratelli più grandi. Verso gli anni ‘90 il movimento ha assicurato la sua presenza nei villaggi attraverso le associazioni. Fino all’anno della mia venuta in Italia, in piena guerra civile, con molti attivisti del mio comune abbiamo animato la vita culturale della zona, cercando di non arrenderci alla paura e all’isolamento. Abbiamo anche contribuito a gestire una delle azioni più straordinarie del movimento: lo sciopero della cartella. Nel 1995 il MCB ha lanciato un appello per il boicottaggio della scuola algerina per ottenere l’introduzione della lingua berbera nel sistema scolastico. 1 milione di studenti di tutti i livelli sociali si sono astenuti dall’andare a scuola per un anno intero. Una mobilitazione senza pari e una lotta unica nel suo genere.
SA: Qual è la situazione attuale in Cabilia, dal punto di vista dei diritti culturali, civili e politici?
KM: Se dal punto di vista culturale la Cabilia ha riportato molte vittorie – riconoscimento del Tamazight (la lingua berbera) come lingua nazionale, la sua introduzione nel sistema scolastico, un canale televisivo pubblico in Tamazight… - dal punto di vista civile e politico c’è un ritorno al passato. La regione, più di tutte le altre, paga il prezzo della guerra civile.
La Cabilia è in crisi profonda. Il Movimento Culturale Berbero non esiste più. Gli attivisti sono invecchiati, sono andati altrove, si sono imborghesiti o sono semplicemente stanchi. I partiti politici nati dal movimento hanno perso ogni credibilità e continuano a farsi la guerra per raccogliere le briciole di potere lasciate dal regime dittatoriale. I giovani ne attribuiscono la responsabilità alla nostra generazione. Le nostre scelte progressiste, universaliste e non violente non sono sempre comprese. Oggi è soprattutto la legge del “ciascuno per sé”: individualismo, business, rifiuto della politica. D’altra parte la regione conosce la nascita del movimento autonomista razzista e fascista. È ancora a un livello embrionale, ma resta un pericolo. Il regime non chiede di meglio che la nascita di un movimento armato cabilo. Ciò gli darebbe carta bianca per una brutale repressione.
SA: Per quanto riguarda la Primavera araba, pensi che le rivolte dei diversi paesi abbiano avuto una base comune? Per capirne meglio la dinamica, bisogna concentrarsi sulla componente “araba” delle ribellioni o adottare una prospettiva più ampia?
KM: Le rivolte che hanno caratterizzato quasi tutto quello che viene definito il “Mondo Arabo” hanno effettivamente una base in comune. La base è il fatto che le nuove generazioni, che sanno di non avere alcun avvenire davanti a sé, ne hanno fin sopra i capelli. Le ultime briciole di ricchezza di questi paesi continuano ad accaparrarsele le classi dirigenti violente, corrotte e corruttrici. I popoli sono condannati al carcere a vita a cielo aperto. I giovani di oggi hanno smesso di credere alla retorica nazionalista panaraba sulla quale questi regimi hanno fondato la loro legittimità.
A dire il vero, le avanguardie (se si possono chiamare così) delle rivolte non erano neanche sensibili alla retorica islamista. Non avevano un’altra ideologia. All’inizio abbiamo visto tutti come l’islamismo fosse completamente estraneo a queste rivolte.
La forza motrice di questi movimenti era il desiderio di libertà. Ma sfortunatamente non si vive di libertà e molto presto gli islamisti si sono imposti come l’unica forza politica organizzata e… bisogna dirlo, generosamente finanziati dalle monarchie del Golfo con la benedizione dei paesi della NATO.
SA: L’Occidente può realmente contribuire alla democratizzazione dei paesi arabi?
KM: Prima di rispondere a questa domanda, bisogna stabilire innanzitutto: Che cos’è l’Occidente? Sono i movimenti della società civile o i suoi governi e le sue multinazionali? L’umanesimo e la cultura dei diritti dell’uomo o il colonialismo e lo sterminio di popoli interi? Sartre o De Gaulle?
Se i Sartres, in qualche modo, e un po’ tardi (ma meglio tardi che mai) hanno finito per opporsi alla barbarie del colonialismo, i De Gaulles - che tengono i cordoni della borsa e il fucile al sicuro – hanno fatto solo finta di andare via ma hanno instaurato un sistema, il neocolonialismo, fondato sulle dittature indigene, ancora più barbaro, ancora più criminale.
Oggi non ci sono più né Sartre né De Gaulle. La società civile progressista e umanista occidentale è più debole e disorientata che mai. In politica, la generazione dei De Gaulle e Churchill è morta e sepolta. La nuova generazione è quella dei Berlusconi, Blair, Zapatero e Sarkozy, dirigenti senza patriottismo, di cui la sola ideologia sono i sondaggi d’opinione e che lavorano esclusivamente per le loro carriere politiche. Carriere assicurate grazie alla diplomazia e alla potenza militare delle loro rispettive nazioni, non più al servizio della nazione stessa, ma al servizio di un pugno di multinazionali. De Gaulle metteva tutta l’Africa in catene per preservare il monopolio dell’Elf-Acquitaine, un’impresa di Stato che ha arricchito la Francia. Sarkozy la bombarda per favorire Total, Bolloré e Bouygues, dei gruppi privati che portano i loro guadagni nei paradisi fiscali.
Dunque se da una parte l’Occidente, che dovrebbe fare qualcosa e avrebbe tante cose buone da fare per aiutare i giovani dei paesi arabi a liberarsi, non può e non sa farlo, l’altro Occidente, quello delle armi e delle spie al servizio del capitale, non vuole assolutamente dare un aiuto per la democratizzazione del mondo arabo. Si sta facendo quello che si può per le dittature, ai loro ordini. All’inizio delle rivolte in Tunisia, nel 2010, scrivevo sul mio blog un post (Da Tunis a Sanaa: E se lasciassimo fiorire il gelsomino...?) che diceva: « Di certo, la cosa migliore che potrebbero fare l’Europa e gli Stati Uniti per aiutare i nostri paesi sarebbe a questo punto di smettere di aiutarli. Basta, grazie. Smettere di sostenere le dittature e le mafie, perché sarebbero il male minore. Lasciare la gente fare il proprio percorso politico. Non decidere per loro cosa è meglio e cosa è peggio. (…) Magari mettere anche il guinzaglio ai loro mercenari, ai loro trafficanti di armi, ai loro servizi segreti deviati o non deviati, ai loro contractors e ai loro esperti in sicurezza e altri consulenti militari...».
SA: Il libro di testi e di fotografie Baghdad e la sua gente (Ed. Terre des Hommes Italia, 2005) e la raccolta di lettere Caravan to Baghdad (Mangrovie, 2007) sono il frutto della tua esperienza nella città sotto l’occupazione americana del 2004. Ci racconteresti alcuni dei tuoi ricordi di questa missione?
KM: La Bagdad che ho conosciuto non era che l’ombra di se stessa. Le guerre che si sono succedute le une alle altre, 13 anni di embargo, 30 anni di gestione criminale agli ordini del regime del Baath... tutto questo ne ha fatto una città assurda. Senza passato né futuro. I vecchi quartieri del centro, quelli che potevano essere il vero tesoro della città, si trovano in uno stato disastroso. Un vero peccato. Il resto è una specie di periferia senza fine fatta di case individuali senza carattere e di edifici pubblici pretenziosi ma privi di fascino. Malgrado tutto ciò sono rimasto affascinato da questa città. Una città straordinaria per il suo popolo.
Sono partito, con la testa piena di idee preconcette sull’Iraq. Mi aspettavo un paese monoculturale, rigido… gente triste e silenziosa. Ho trovato una città piena di vita. Decine di culture diverse. Ho lavorato nell’ex quartiere ebraico Al Battawin. Oggi è abitato da almeno dieci gruppi differenti: arabi, curdi, caldei, assiri, musulmani, cristiani, yazidi, Sabei. Mi hanno detto che c’erano ancora due o tre famiglie di ebrei. E mentre ero lì, la Sinagoga del quartiere era ancora in funzione, gelosamente sorvegliata dal suo guardiano musulmano.
Ho lavorato con i bambini di strada. Un fenomeno abbastanza nuovo in Iraq all’epoca. Un’esperienza meravigliosa. Gli occhi dei bambini di Al Battawin quando hanno visto un clown per la prima volta nella loro vita mi hanno abbondantemente ripagato di tutta la fatica e lo stress accumulato durante la prima fase del progetto. È stato durante i pochi mesi di calma che seguirono l’occupazione. Ben presto siamo dovuti ripartire tutti. Il gioco si è fatto molto duro e il lavoro nella strada era diventato impossibile, soprattutto per degli stranieri.
Ho ancora il desiderio di tornarci un giorno, se non altro per camminare di nuovo per le strade sporche di Al Battawin, per sorseggiare un tè forte e molto dolce nel negozio dello zio Ali, sulla piazza del mercato di Bab Ashargi, per mangiare il Masguf – pesce cotto a legna – lungo le rive dell’Eufrate…
SA: La tua raccolta di racconti Tagliato per l’esilio (Mangrovie, 2008) si apre con una riflessione autobiografica: Il 25 novembre 1967 nascevo in esilio sulla terra dei miei avi…
KM: Sì, infatti dopo aver vissuto all’estero, lontano dalla mia Cabilia, ho riflettuto molto sul tema dell’esilio. E mi sono reso conto che: 1. ci sono diverse forme di esilio; 2. spesso si è in esilio pur vivendo a casa propria; 3. l’esilio all’estero (quello del migrante) non è il peggiore degli esili.
Anche se la cultura popolare ci ha sempre riempito la testa di concetti come la nostalgia, il male del paese, la malinconia del migrante, dell’esiliato. E anche se spesso i migranti hanno avuto il ruolo e hanno fatto ciò che ci si aspettava da loro, essere tristi, pensare e parlare spesso del paese natale… ecc. La percentuale molto bassa di ritorni è una delle prove della falsità di queste asserzioni. È vero che l’immigrato marginalizzato, povero e discriminato si sente male in esilio e identifica nel paese natale la sua ricerca della felicità. Ma è altrettanto vero che chi è marginalizzato, povero e discriminato nel suo paese natale si sente male. E allora spesso per la ricerca della felicità non si vedono altre soluzioni che l’emigrazione… Dunque si può dire che il povero è in esilio dappertutto.
Per quanto mi riguarda, il mo esilio interno non è dovuto alla povertà. Sono nato in una famiglia né ricca né povera. Anche se non ho mai conosciuto il lusso, ho sempre avuto il necessario per vivere più che dignitosamente. Ma la mia famiglia, a causa di mio nonno, un libero pensatore molto testardo che ha sempre detto quello che pensava, ha sempre vissuto ai margini della comunità. Marginale perché considerata diversa. Non abbiamo subito nessuna discriminazione. Nessuno ci ha mancato di rispetto. Ma noi non eravamo come gli altri. Lo sguardo della gente non ce lo ha mai nascosto.
La partenza verso l’emigrazione mi ha fatto riflettere sulle mie due vite, sulla mia relazione con le due società dove ho vissuto. È questo che mi ha portato a scrivere questa introduzione.
SA: Quali ostacoli hai incontrato nel tuo lavoro di educatore interculturale in Italia?
KM: Gli ostacoli che ho incontrato sono soprattutto di ordine economico. Quando sono arrivato in Italia, alla fine degli anni ‘90, si lavorava bene con le scuole. Gli insegnanti facevano tanti corsi di aggiornamento e il ministero attivava tanti corsi e laboratori con esterni. Oggi la scuola italiana è completamente depauperata. Non arriva neanche più a pagarsi la carta per le fotocopie. Figuratevi i corsi di aggiornamento.
L’altro è un problema di contenuti. La parola “intercultura” è stata introdotta nei testi legislativi e nei programmi scolastici nel 1990. Ciò corrisponde esattamente all’anno della prima legge sull’immigrazione. Il paese decide di facilitare la presenza di operai di origine straniera, meno esigenti riguardo ai salari e con meno diritti, per mantenere competitiva la produzione italiana. Allora il governo dell’epoca ha legiferato per definire tutto ciò che concerne la presenza dei lavoratori stranieri nel territorio italiano. Compreso il ricongiungimento familiare e l’integrazione a scuola dei bambini.
Dopo di ciò è inevitabile che la maggior parte degli insegnanti confondano le attività interculturali con l’accoglienza dei bambini immigrati. La maggior parte delle scuole che mi chiamano dicono: «Quest’anno abbiamo molti alunni stranieri», oppure «Cominciamo ad averne qualcuno, allora abbiamo deciso di…».
Allora troppo spesso invece di vivere la dimensione interculturale come una preparazione continua degli studenti per aiutarli ad affrontare un mondo sempre più globalizzato, la vivono come una buona azione da fare di tanto in tanto per sentirsi a posto con la coscienza. Detto questo, malgrado l’assenza di un progetto strutturale di introduzione della dimensione interculturale nell’educazione in Italia, ci sono delle esperienze isolate di scuole e di istituti che hanno veramente realizzato dei progetti ambiziosi e intelligenti. Ma è solamente grazie all’impegno, la creatività e la cultura di alcuni insegnanti.
SA: Hai creato il sito LettERRANZA, dedicato alla produzione letteraria di scrittori migranti in italiano. Secondo te, si può parlate di “letteratura migrante” come un genere a sé stante?
KM: Io non utilizzo mai le parole “letteratura migrante”, preferisco l’espressione più lunga di “produzione letteraria di scrittori immigrati”. Questo perché non credo all’esistenza di un genere letterario dei migranti. Non esiste una corrente di pensiero, non esiste un genere, uno stile, un linguaggio o una tematica comune. È solo la condizione degli autori che è simile. Quella di persone che sono arrivate in Italia, da paesi non italofoni, e che hanno scelto di scrivere non nella loro lingua madre, o nella lingua coloniale dominante nei loro paesi d’origine, ma nella lingua del paese d’accoglienza. È una scelta di apertura e di dialogo ma nello stesso tempo di affermazione di sé. Lo scrittore immigrato si apre al dialogo con la società d’accoglienza, ma sceglie di raccontare la sua esperienza personale. Non lascia alla maggioranza il controllo della sua storia. Rifiuta i due risultati estremi della mancanza di dialogo: l’assimilazione e l’isolazionismo.
SA: I tuoi progetti, attuali e futuri?
KM: Sono una persona che progetta in continuazione. Molti dei progetti che ho in testa non vedono mai la luce. Molti altri la vedono ma non durano a lungo. Alla fine i più solidi resistono e continuano bene. Una specie di selezione naturale.
In questo momento lavoro su un sito di informazione glocale e interculturale (www.glob011.com) che ho creato con un pugno di amici a Torino. Vorremmo potenziarlo e forse portarlo sulla carta come un giornale da distribuire gratuitamente. Crediamo che la stampa gratuita sia molto letta dalle classi meno colte e vorremmo mettere tra le mani della gente un giornale gratuito ma che parla di cose interessanti. Come gruppo vorremmo anche lanciare una grande fiera culturale che si iscriva nella stessa linea di portare della cultura nei luoghi popolari, lontano dai palazzi e dai teatri rutilanti.
Un altro progetto al quale lavoro come capo-redattore è un sito di informazione sulle questioni che riguardano l’immigrazione e la multiculturalità (www.media4us.it). È un tentativo di creare una rete di reporter d’origine straniera attraverso il territorio per fare arrivare un’idea della società italiana, vista da coloro che ci vivono ma che provengono da altrove.
Poi mi piacerebbe molto finire due o tre libri che ho cominciato sul mio pc, ma che sono sempre messi da parte perché ho altre cose da fare.
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