November 24 2024 | Last Update on 16/03/2024 20:18:13
Sitemap | Support succoacido.net | Feed Rss |
Sei stato registrato come ospite. ( Accedi | registrati )
Ci sono 0 altri utenti online (-1 registrati, 1 ospite). 
SuccoAcido.net
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Latest | Authors | Players | History Of Cinema | Cinema Festivals | Reviews | Biblio | News | Links
Cinema - Cinema Festivals - Article | by Nicolas Wittwer in Cinema - Cinema Festivals on 18/03/2008 - Comments (0)
 
 
Festival International de Films de Fribourg

Le Festival International de Film de Fribourg (FIFF) s’est terminé ce dimanche 09 mars, sous les applaudissements d’une salle comble de 350 personnes présentes à la cérémonie de clôture, concluant une semaine réussie.
C’est le film « Flower in the Pocket » de Liew Seng Tat (Malaisie, 2007) qui remporte cette année le Regard d’Or de cette 22ème édition du FIFF.
Retour sur le Festival, Palmarès, impressions et notes sur quelques films.

 
 

Le Festival International de Film de Fribourg (FIFF) s’est terminé ce dimanche 09 mars, sous les applaudissements d’une salle comble de 350 personnes présentes à la cérémonie de clôture, concluant une semaine réussie.
C’est le film « Flower in the Pocket » de Liew Seng Tat (Malaisie, 2007) qui remporte cette année le Regard d’Or de cette 22ème édition du FIFF.
Retour sur le Festival, Palmarès, impressions et notes sur quelques films.

(Pour plus d’information sur le FIFF et le programme de cette édition 2008, je vous renvoie à l’article écrit par Dominique fin février et au site internet du festival : http://www.fiff.ch)


Les séances s’enchaînaient avec succès et les festivaliers et organisateurs semblent ravis.
Le Festival a indiqué samedi 08 mars, une fréquentation de 25'000 spectateurs, un chiffre réjouissant (l’édition 2007 avait attiré 20'000 curieux) pour ce festival qui renouvelle cette année son image et désire confirmer son statut de grand festival.
L’ambiance de cette semaine y était familiale et bon enfant et l’heure dorénavant est à la nostalgie et à l’impatience que cela recommence.
Les invités présents cette semaine étaient accessibles et proche du public notamment Daniel Tovar, acteur mexicain de « La Zona », Esteban Schroeder, réalisateur de l’excellent thriller politique « Matar A Todos » ou encore Ines Bortagary, scénariste de « La Fiancée errante ». Ces personnes du cinéma, visiblement contentes d’avoir étés conviées, ont largement contribué à la réussite du festival, grâce à leur disponibilité et leur sympathie.

Entre deux séances de travail à la caisse, je me glissais, fier de mon laissez-passer, dans l’obscurité des salles, désireux de voir le plus de films possible des programmes du FIFF. Respectueusement, je m’asseyais à côté de journalistes, de professionnels ou des festivaliers, et d’un sourire une discussion s’installait parfois. On parle du festival, de ses films, de l’industrie cinématographique. Bref, on parle « cinéma ».
« Bonne séance » : il est 21h00, les lumières s’assombrissent, la présentation est faite ; le film peut commencer.
L’esprit et l’ambiance y étaient donc communicatifs et ouverts. L’envie de partager ses sentiments ou son regard sur le cinéma se faisait sentir, heureusement et pour le bien du festival.

Suivant l’horaire et le film, le nombre de spectateurs variait selon les séances. Au fil de la semaine, nous commençons à voir des visages familiers, comme ceux des journalistes assidus ou des membres du festival et nous nous réjouissons de voir la salle comble, remplie de curieux pour voir des films quasi-inconnus (je pense par exemple au passionnant « Come Back, Africa » de Lionel Rogosin, 1959).

Durant cette semaine, j’ai eu la chance d’aller voir une quinzaine de films, essayant d’en voir de tous les programmes proposés (Compétition, hors compétition, hommages à Lee Chang-Dong, panoramas Noir Total ou Amour Global, Cinémathèque de Bologne), dont j’ai rédigé de brèves notes, à lire dans la suite de l’article.

Voulant aller au-delà du préjugé « film du sud = film pauvre », la programmation du festival, dirigée par le nouveau directeur artistique, Edouard Waintrop, voulaient prouver, avec réussite, la qualité, la vivacité et la dynamique de ces films et auteurs du Sud ou de l’Asie.
La programmation est engagée, porteuses de messages et propose un regard ouvert, différent et nouveau sur le monde, les autres cultures et les « autres » problèmes. Plus qu’un cinéma engagé et ouvert, c’est un cinéma de découvertes qui nous a été proposé. Découvrir des autres mondes ou visions du monde, découvrir d’autres horizons, découvrir d’autres réalités sociales.
« Réalité sociale » : là est peut-être le message le plus important de ces différents films présentés. Tous, à leur façon, sont témoins de faits et réalité, de culture et de mystères. Ils portent tous la même marque : celle de se donner comme ambition de montrer le monde actuel comme il l’est, un peu à la place des nos habituels médias « informateurs ». C’est grâce à ce genre de films que l’on est sensibilisé aux autres cultures et aux autres problèmes sociaux. Ici, le cinéma agit comme un véritable vecteur qui se doit de dénoncer les injustices ou les inégalités ou de présenter une société au-delà des préjugés ou des fausses idées comme nous pouvons avoir.
La programmation favorise ainsi l’esprit d’ouverture, l’esprit critique également et mène à la réflexion sur notre monde et au regard que nous lui portons.


Le Palmarès du 22ème Festival International de Films de Fribourg 2008 :


Grand Prix « Le Regard d’Or » : Flower in The Pocket, Liew Seng Tat (Malaisie, 2007)

Grand Prix décerné au film malaisien pour avoir su poser « un regard tendre et poétique sur une réalité complexe et riche de sa société, sans oublier l’aventure cinématographique ».

Mention Spéciale : Fille de la Terre Noire, Jeon Soo-il (Corée du Sud, France, 2007)

Mention spéciale pour « La Fille de la Terre Noire » pour l’excellente interprétation de la jeune actrice, Jo Yung-Jin, avec qui nous suivons le destin de son personnage.

Prix Spéciale du Jury : El Camino, Ishtar Yasin (Costa Rica, 2008)

Le film est récompensé pour son histoire bouleversante et tragique, mêlant habilement fiction et documentaire, poésie et réalité.

Prix Oikocredit Suisse : He Fengming, Wang Bing (Chine, 2007)

« Un témoignage exceptionnelle et émouvant, traité d’une manière minimale, radicale et audacieuse. »

Prix du Public : La Zona, Rodrigo Plà (Mexique, 2007)

Prix du Jury Œcuménique : El Camino, Ishtar Yasin (Costa Rica, 2008)

Prix attribué à « El Camino » pour la force et le courage du message porté (dénonciation du fléau de l’exploitation sexuelle des enfants), ainsi que pour sa qualité cinématographique.

Mention Spéciale : He Fengming, Wang Bing (Chine, 2007)

Prix du Jury FIPRESCI : Fille de la Terre Noire, Jeon Soo-il (Corée du Sud, France, 2007)

Le prix de la critique cinématographique internationale est attribué à « Fille de la Terre Noire », « pour ses qualités humaines et cinématographiques, pour une savante utilisation du silence, des ellipses et du hors champ. ».

Prix E-Changer : God Man Dog, Singing Chen (Taiwan, 2007)

Prix du Jury des Jeunes qui récompense ce film pour l’originalité du scénario et pour l’ambiance particulière qu’il transmet.

Prix Don Quichotte de la FICC : Fille de la Terre Noire, Jeon Soo-il (Corée du Sud, 2007)

Prix de la Fédération International des Ciné-Clubs

Mention Spéciale : He Fengming, Wang Bing (Chine, 2007)

La 22ème édition du FIFF récompense donc des œuvres diverses, tant des documentaires que des films de fiction. Selon certains journalistes présents au festival, le choix du Regard d’Or est surprenant. Non pas qu’il soit immérité, mais plusieurs films retenaient d’avantage l’attention aux yeux de certains professionnels. Je pense notamment à l’excellent documentaire « Recycle » de Mahmoud al Massad (2007), ou à des œuvres comme « The Lineman’s Diary » de Zhanabek Zhetiruov (2006), « La Fiancée errante » d’Ana Katz (2006), ou « El Camino » de Ishtar Yasin (2008).
A remarquer également « Fille de la Terre Noire » de Jeon Soo-il, ou « He Fengming » de Wang Bing qui remportent chacun plusieurs prix importants.
A noter enfin, « La Zona » de Rodrigo Plà qui reçoit sans surprise la prix du public, bien qu’on pouvait aussi penser à « El Camino » d’Ishtar Yasin. Certainement que la présence du jeune acteur mexicain Daniel Tovar, qui n’a pas laissé le jeune public indifférent, y est pour quelque chose pour l’attribution de ce prix.


Notes sur les films vus durant la semaine du festival :

Carmin Profond, de Arturo Ripstein (Mexique, France, Espagne, 1996)

Coral, seule, grosse et qui n’a plus d’espoir de rencontrer un nouvel homme, vit avec ses deux enfants et voue une passion pour l’acteur Charles Boyer. En voyant une annonce dans le journal d’un homme qui se fait passer pour un sosie de l’acteur, Coral décide de le rencontrer. Cette homme est un escroc, qui profite des femmes esseulées mais Coral est prête à tout pour rester avec lui (jusqu’à abandonner ses enfants) et ensemble ils vont se lancés dans une série de crimes sanguinaires, tout en vivant un amour passionné.

Bonnie And Clyde à a mexicaine, ce film est une œuvre surprenante. Surprenant d’une part par le scénario de départ, dérangeant et déroutant et surprenant d’autre part par l’ambiance particulière qu’il dégage. Le film propose une intéressante réflexion sur la recherche d’un amour absolu et jusqu’où deux personnes sont prêtes à aller pour vivre cet amour passionné.
Toutefois, le film ne convint pas tout à fait, la faute à un scénario peu abouti (bien qu’il y aie une réelle évolution des personnages, le déroulement de l’histoire se résume à une série, une suite de quiproquos n’ayant pas véritablement de liens entre eux) et une incompréhension des personnages (à aucun moment, on ne s’identifie à eux, ou éprouvons des sentiments à leur égard- mis à part peut-être les enfants, abandonnés bien malgré eux.).
Un film curieux, intriguant et dérangeant, qui mérite, malgré quelques faiblesses, amplement sa découverte.

Green Fish (1997) / Peppermint Candy (1999), de Lee Chang-dong (Corée du Sud)

Films présentés au festival dans le cadre de l’hommage dédié au réalisateur coréen, ces deux œuvres se distinguent par leur force narrative et visuelle.
Découvert au dernier festival de Cannes avec son dernier film « Secret Sunshine » (présenté en ouverture du FIFF), Lee Chang-dong n’a pas moins eu une importance considérable avec ses premiers films scénarisés ou réalisés. Cet hommage au réalisateur permet donc de relever l’importance et la créativité de l’œuvre du cinéaste qui ne cesse de marquer l’histoire cinématographique de son pays.

Green Fish est une œuvre d’une noirceur extrême, sans espoir (à l’image de l’histoire d’amour impossible raconté dans le film) et très sombre. Un polar pessimiste et violent (tant psychologique – des personnages comme des spectateurs- que physique). A voir.

Peppermint Candy, lui se démarque par sa narrativité. En effet, le film commence par le suicide du personnage et remonte dans le temps en flash-back jusqu’à 20 ans auparavant, en marge d’événements qui ont marqué l’histoire de la Corée du Sud.
Le film, extrêmement bien construit et mis en scène, est principalement intéressant du point de vue de notre position de spectateur et de notre rapport avec les personnages. Le film propose donc une véritable mise en abyme de l’évolution des personnages et de notre statut de spectateur.

La Zona, de Rodrigo Plà (Mexique, 2007)

La Zona est intéressant. Il soulève effectivement plusieurs problèmes actuels qui touche toute l’Amérique latine (disparité des classes sociales, inégalités, auto confinement des classes moyennes, insécurité, injustice, corruption, violence) et propose une solide réflexion sur les principes qui régissent les valeurs morales, ici en situation de détresse. Comment se comportent les hommes et qu’est-ce que la véritable insécurité sociale ?

La Zona traite de ses problèmes, ou en tout cas les suggèrent : le film voulant jouer la carte facile du thriller commercial perd de son intérêt. La trame devient prétexte à « chasse à l’homme », à tension et suspens, laissant de côté le fond. Certes, la réalisation est solide, efficace et le jeu des acteurs convaincant, mais le film reste peu surprenant dans le traitement de la forme et dans la narrativité. Un thriller assez conventionnelle donc, et cela et d’autant plus dommage que le contexte avait tout pour faire un des films les plus surprenant et abouti de l’année.
Cela dit, nul doute que c’est ce côté spectaculaire (et hollywoodien) qui ont été apprécié par les jeunes spectateurs, votant en nombre, qui a valu au film lui le prix du public.
Un thriller qui reste malgré tout de fort bon augure, où l’on passe un bon moment, loin finalement des sentiers habituels, malgré le caractère peu surprenant que prend le film.


Matar A Todos, d’Esteban Schroeder (Uruguay, 2006)

« Matar A Todos » est un efficace thriller politique qui tire sa force de son scénario, inspiré d’un contexte socio-politique bien réel dans les Amériques latines.
La ligne de fond de ce film est l’ « opération Condor », opération menée à la chute de la dictature de Pinochet pour éliminer les témoins gênants. Le scénario prend donc forme autours de la disparition d’ex-chimiste de la police secrète de Pinochet.
Une juge d’instruction enquête donc sur cette disparition et doit se heurter à de nombreux obstacles.
L’intérêt de ce film tient donc de son contexte historique. Aujourd’hui encore, tous les mystères autours de l’opération Condor et de ses dirigeants ne sont pas résolus et de nombreuses instances enquêtent régulièrement sur ce sujet sensible qui concerne plusieurs pays d’Amérique latine.
Le film est donc salué par la force de son scénario et de son habile mise en scène et est surtout passionnant grâce aux questions auxquelles il tente de répondre et aux éclairages qu’il amène sur ce sujet trop méconnu.


Chaiya, de Kongkiat Komesiri (Thaïlande, 2007)

Présenté dans le cadre du panorama noir total, « Chaiya » narre le destin de trois personnes, rêvant de devenir boxeurs professionnels. Evidemment, cela tourne mal, deux travailleront avec la pègre, tandis que le dernier continuera de s’entraîner dur. Mais lui aussi aura affaire à la pègre.
« Chaiya » présente indéniablement de grandes qualités cinématographiques. Les images sont belles et bien cadrées et surtout, les combats de boxe sont extrêmement bien chorégraphiés et mis en scène. On regrettera tout de même quelques effets de style « clichés » ou une réalisation parfois caricaturale.
Le film reste cependant à découvrir, pour sa force visuelle et la trame, intéressante, qui soulève des thèmes universels, comme l’amitié, la loyauté ou la trahison.


Come Back, Africa, de Lionel Rogosin (Afrique du Sud, Etats-Unis, 1959)

Présenté au FIFF, après sa restauration de la Cinémathèque de Bologne, ce film fut tourné clandestinement à Johannesburg en 1959, se faisant passer pour un documentaire musicale. Critique de l’apartheid, le film mêle habilement fiction et documentaire. Il suit principalement le parcours d’un jeune africain, cherchant du travail dans cette société ségrégationniste et de ses rencontres avec des groupes intellectuels.
Le réalisateur a collaboré avec l’équipe du Drum Magazine (notamment avec Bloke Modisane et Lewis Nkosi, les deux scénaristes du film), magazine culturel important pour ses témoignages et ses reportages politiques d’un pays meurtri par l’apartheid. Il est intéressant finalement de noter que le film est tourné avec des acteurs non professionnels, ce qui accentue le côté réaliste et social de l’œuvre.
Un film-documentaire important, bien que trop peu méconnu, qui vaut pour son témoignage fort et poignant d’une réalité sociale complexe.


Recycle, de Mahmoud al Massad (Pays-Bas, Jordanie, Allemagne, Etats-Unis, Espagne, Suisse, France, 2007)

Un documentaire qui suit les journées d’Abu Ammar et de son fils dans la ville natale du terroriste El Zarqawi. Sans commentaires en voix-off, le réalisateur laisse l’image et ses intervenants parler pour lui. Le message et claire, et les cadrages réfléchis et efficaces. Le réalisateur présent au FIFF aurait amplement mérité, à mon avis le « Regard d’Or » ou un prix important pour récompenser ce documentaire courageux et allant à l’encontre de nos préjugés.
Mahmoud al Massad expliqua, à la fin de la séance, avoir dû gagner la confiance d’Abu Ammar, d’abord réticent au projet, avant de pouvoir réaliser son documentaire. L’attente en valait la peine, le réalisateur livrant un film juste et intime, triste aussi, qui favorise la réflexion et nous interpelle par rapport aux idées reçues.

Carnets de notes pour une Orestie africaine, de Pier Paolo Pasolini (Italie, 1970)

Egalement présenté au FIFF suite à sa restauration par la Cinémathèque de Bologne, « Carnets de notes pour une Orestie africaine » est un film qu’a réalisé Pasolini pour s’informer et prendre des notes en vue de réaliser une adaptation de la tragédie d’Eschyle en Afrique (film qu’il ne tournera d’ailleurs jamais).
Si la moitié du film est passionnante et l’on suit avec plaisir les images et les paroles de Pasolini (qui tourne ce qui pourrait être les décors de son film ou les « acteurs » qui pourraient prêter leurs traits aux personnages, etc.), la deuxième partie s’essouffle et devient un peu répétitive (on assiste par exemple à un « concert » de jazz improvisé pendant une bonne dizaine de minutes, scène intéressante au début, mais vite désagréable).
Certaines scènes sont tout à fait remarquables et passionnantes, je pense notamment au moment où Pasolini présente son film de notes à des étudiants noirs de Johannesburg, les remarques et réflexions fusent, nous réinterrogons sur les images qu’on vient de voir.

Si le film traîne un peu en longueur et souffre de répétitions dans la deuxième moitié du film, il reste une œuvre extrêmement rare et captivante. De plus, sachant que le projet de film pour lequel le réalisateur prend ici des notes ne se réalisera pas, la vision de ce documentaire prend un tournant complètement différent.

Entre le ciel et l’enfer, d’Akira Kurosawa (Japon, 1963)

Beaucoup de choses ont déjà été dit sur ce film, datant de 1963.
Film peu connu dans la filmographie de Kurosawa, il n’en reste pas moins un de ses films majeurs. Film noir à la veine réaliste, ce film se coupe en deux parties distinctes : la première est un oppressant huit clos, jouant sur la psychologie et les moeurs des personnages. Petit rappel de l’histoire du film : un riche homme d’affaire apprend que son fils a été kidnappé et saura rendu qu’après une rançon. Mais la vérité est que l’enfant est le fils de son chauffeur. Doit-il sauver l’enfant d’un autre, au risque de perdre toute sa fortune ?
Dans la deuxième partie du film, on suit l’enquête de la police, tentant de démasquer le ravisseur.
Kurosawa traite ici du bien et du mal, en proposant une histoire sur les différentes classes sociales. Dans un noir et blanc contrasté, Kurosawa rend dans ce film une atmosphère particulière, entre esthétisme, réalisme et expressionnisme. Un véritable film noir dans la tradition du genre.

El Camino, d’Ishtar Yasin (Costa Rica, 2008)

Film présenté en compétition, « El Camino » faisait partie des plus sérieux prétendant au prix « Regard d’Or ».
Un film, mêlant réalité et poésie, fiction et documentaire, qui décrit le périple de deux enfants partis seuls à la recherche de leur mère qui a immigré huit ans plus tôt sans plus jamais donner de nouvelle.
Un film poignant et bouleversant, d’autant plus qu’il est le reflet de cette société où des destins sont ainsi brisés. La réalisatrice, présente au FIFF, raconte, émue, que l’histoire rejoint la réalité ; la jeune actrice jouant la petite fille, a vécu le même drame (une famille décomposée suite au départ de leur mère partie sans plus donner de nouvelle).
Une oeuvre forte émotionnellement, qui dénonce de nombreux problèmes de société (immigration, exploitation sexuelle, pauvreté,…) tout en démontrant de grandes qualités cinématographiques, narrant cette histoire avec finesse et poésie.

DP75 Tartina City, de Serge Issa Coelo (Tchad, France, 2007)

Malgré lui, Adoum, un journaliste, est emprisonné dans les sous-sol de la prison dirigée par le colonel Koulbou, un être violent et sadique. Adoum n’a plus d’espoir, mais une femme va venir à son secours.
Dégageant une ambiance oppressante (scènes de détention filmées avec une caméra infra-rouge, scènes de torture, évasion, …), le réalisateur a su mettre en lumière la dictature militaire dans le N'Djaména des années 90, en proposant une mise en scène efficace et nerveuse et une trame intéressante. Le film dénonce ainsi cette dictature et cette violence terrifiante qui y régissait, en impliquant le spectateur dans cette spirale dont tombe le personnage principal.

Memories of Murder, de Bong Joon-ho (Corée du Sud, 2003)

Considéré comme un des meilleurs films coréens, « Memories of Murder » est un magistral film noir. Le réalisateur Bong Joon-ho, auteur du récent « The Host », a réalisé un thriller efficace, critiquant la société moderne de son pays et mettant en scène des hommes confrontés au sentiment d’impuissance (l’enquête n’avance pas).
Basé sur des faits réels (déroulés entre 1986 et 1991), l’histoire narre l’enquête de policiers tentant de démasquer un tueur en série qui a violé et assassiné une dizaine de femmes.
La force du film vient principalement de la forme, véritable leçon visuelle, et de son traitement narratif. Un film dur et violent auquel le réalisateur utilise un humour personnel pour faire passer les scènes difficiles et peut se reposer sur des personnages charismatiques et attachants, excellemment interprété par les principaux acteurs.

Avec des réalisateurs comme Bong Joon-ho, Park Chan Wook ou Lee Chang-dong, la Corée du Sud a un cinéma des plus dynamiques, efficaces et innovants du moment. « Memories of Murder », lauréat de nombreux prix de différents festivals, confirme la vitalité d’un des meilleures cinéma actuel. La preuve que le système de quotas dont bénéficie la Corée du Sud pour l’exploitation de films, a contribué à l’engouement et l’émergence d’un cinéma coréen dynamique et performant.


Le cinéma chinois d’hier et aujourd’hui, de Hubert Niogret (France, 2007)

Documentaire sur le cinéma chinois, ce film retrace son histoire, de ses débuts à aujourd’hui, en proposant des interviews de réalisateurs et différents extraits de films.
En mettant en lumière la notion de « génération » dont est hiérarchisé les réalisateurs de ce pays, le film explore les différents courants qu’a connu le cinéma chinois, régit par les contextes politiques du pays (communisme, Révolution culturelle, …).
Se concentrant surtout sur les réalisateurs de la cinquième génération (à partir des années 80, avec des réalisateurs comme Zhang Yimou ou Chen Kaige, par exemple), ce documentaire se révèle très instructif et passionnant, pour peu que l’on veuille bien s’intéresser au cinéma (chinois).


The Rebel, de Charlie Nguyen (Vietnam, 2006)

Sous la toile de fond de la colonie française du Vietnam des années 20 et des groupes rebelles qui luttait contre cette colonie, Nguyen réalise un film d’arts martiaux rythmé et chorégraphié.
Profitant du contexte dans lequel s’inscrit le film, le réalisateur aligne les scènes d’action et fait de n’importes situations prétexte à de nouveaux combats d’arts martiaux. Certes, les scènes d’action sont bien réalisées et pleine de tension et de fièvre, mais à force de combats, le scénario en pâtit et le fond perd de sa consistance.
Voulant faire, à mon avis, un film d’aventure enchaînant les scènes d’action musclées, le réalisateur a réalisé son objectif, mais un meilleur traitement du scénario et du fond aurait été profitable au film, d’autant que la critique coloniale y est finalement peu exploitée, malgré ce que l’on pouvait attendre du synopsis.


Conclusion

La 22ème édition du Festival International de Films de Fribourg s’est donc tenu cette semaine du 1 au 8 mars 2008.
Grâce a sa qualité de programmation et aussi à son ambiance ouverte et familiale, le festival a réjoui les festivaliers, professionnels et staffs.

Chaque soir, je ne regrettais pas les deux heures en train pour rentrer car j’avais encore les yeux pleins d’images, l’esprit vagabondant et le cœur rehaussé de solidarité et d’humanité, loin des habituels élans d’individualisme que connaît notre société contemporaine.
Durant ces voyages en train, j’ai également pu être témoin de situations anecdotiques. Comme ce couple, par exemple, qui un soir aux alentours de minuit, se querellait ouvertement sur l’Algérie, sa guerre, les colons et les conditions humaines. Ce n’est qu’après un moment que je comprend : ils venaient de voir le poignant documentaire « Algérie : Histoires à ne pas dire » présenté au Festival. Leur dispute prenait donc un autre sens et a continué pendant tout le trajet. Au fond, c’est ça aussi le FIFF et c’est là peut-être une des plus grandes réussite du festival : créer des débats engagés, favoriser et partager la réflexion, ouvrir notre regard sur le monde et ses différentes populations, nous sensibiliser à des problèmes sociaux. Ou tout simplement et là est aussi le plus important, nous divertir, nous faire passer de bons moments, penser le cinéma comme un art et comme un outil d’humanité et de communication, à mille lieux des standards marketing des productions surmédiatisées.
Les exploitants de salles devraient en prendre conscience : le cinéma n’est pas que marketing, il est surtout artistique, historique peut-être, témoin en tout cas de notre société actuelle, et le monde cinématographique, comme le FIFF nous le prouve, est rempli de films et d’auteurs dynamiques et créatifs, nous démontrant la richesse, la qualité, l’inventivité et l’importance du cinéma. Mais là, je ne vous apprends rien.

Pour toutes ces raisons, pour tous ces films et réalisateurs découverts, pour toutes ces rencontres et ces discussions, pour l’ambiance, la réflexion et l’ouverture proposées, je tiens ici à conclure en remerciant le FIFF et ses organisateurs de m’avoir permis de vivre cette semaine enrichissante, tant du point de vue humain, culturel et personnel. Ainsi que de se donner autant de mal et de volonté pour offrir une programmation et une semaine captivante, qui permet de découvrir et de voir un cinéma différent mais non moins passionnant.
Je tiens également à souligner l’importance de ce genre de festival ou autres institutions pour la diffusion de la culture et le soutien qu’ils apportent à de nombreux projets, trop souvent, malheureusement, mis à l’écart de nos écrans habituels.

Je vous donne d’ores et déjà rendez-vous l’année prochaine, entres autres festivals cinématographiques, pour la 23ème édition du Festival de Films de Fribourg qui se tiendra du 14 au 21 mars 2009.

D’ici là, suivons l’actualité, ressortons nos magnétos, dévorons nos DVD et que vive le cinéma !


© 2001, 2014 SuccoAcido - All Rights Reserved
Reg. Court of Palermo (Italy) n°21, 19.10.2001
All images, photographs and illustrations are copyright of respective authors.
Copyright in Italy and abroad is held by the publisher Edizioni De Dieux or by freelance contributors. Edizioni De Dieux does not necessarily share the views expressed from respective contributors.

Bibliography, links, notes:

Pen: Nicolas Wittwer

link: http://www.fiff.ch/

 
 
  Register to post comments 
  Other articles in archive from Nicolas Wittwer 
  Send it to a friend
  Printable version


To subscribe and receive 4 SuccoAcido issues
onpaper >>>

To distribute in your city SuccoAcido onpaper >>>

To submit articles in SuccoAcido magazine >>>

 
Festival de Films de Fribourg, Ancienne Gare
............................................................................................
El Camino, de Ishtar Yasin (2008)
............................................................................................
Flower in the pocket, de Liew Seng Tat
............................................................................................
Recycle, de Mahmoud al Massad (2007)
............................................................................................
La Zona, de Rodrigo Plā (2007)
............................................................................................
Come Back, Africa, de Lionel Rogosin (1959)
............................................................................................
Memories of Murder, Joon-ho Bong (2003)
............................................................................................
Matar A Todos, d'Esteban Schroeder (2006)
............................................................................................
Peppermint Candy, de Lee Chang-dong
............................................................................................
FRIENDS

Your control panel.
 
Old Admin control not available
waiting new website
in the next days...
Please be patience.
It will be available as soon as possibile, thanks.
De Dieux /\ SuccoAcido

SuccoAcido #3 .:. Summer 2013
 
SA onpaper .:. back issues
 

Today's SuccoAcido Users.
 
Today's News.
 
Succoacido Manifesto.
 
SuccoAcido Home Pages.
 

Art >>>

Cinema >>>

Comics >>>

Music >>>

Theatre >>>

Writing >>>

Editorials >>>

Editorials.
 
EDIZIONI DE DIEUX
Today's Links.
 
FRIENDS
SuccoAcido Back Issues.
 
Projects.
 
SuccoAcido Newsletter.
 
SUCCOACIDO COMMUNITY
Contributors.
 
Contacts.
 
Latest SuccoAcido Users.
 
De Dieux/\SuccoAcido records.
 
Stats.
 
today's users
today's page view
view complete stats
BECOME A DISTRIBUTOR
SuccoAcido Social.