Christophe Chammartin - Prisons de plastique
Christophe Chammartin est lauréat de la Bourse du Talent reportage 2008. Son travail est également exposé à la Bibliothèque Nationale de France à Paris jusqu’au 22 février 2009. Par le prix de la 34e bourse du Talent (photographie.com) ainsi que par de plusieurs sélections, expositions et conférences (festivals, concours) tout au long de l’année 2008, ce travail a acquis une reconnaissance et une notoriété photographiques internationales. En effet, Prison de Plastique a déjà été présenté, en 2008, aux rencontres photographiques d’Arles, aux Boutographies de Montpellier, et chez Picto à Paris.
Ce travail qui aborde des thèmes aussi fondamentaux que la migration et l’agriculture est un témoignage précieux, en ces temps de crise globalisée. Il présente une réalité européenne qui alimente la réflexion autour de grands défis européens de ce siècle naissant.
«Allah Akhbar». L’invocation est inscrite à l’adhésif noir sur un vitrail de plastique : la mosquée est bricolée, comme le reste des baraquements érigés en bidonville tentaculaire aux alentours d’Almeria, que trente années de culture sous polyane ont sorti de sa misère de ville andalouse pour en faire un des premiers sites européens de production de fruits et légumes. Pour fonctionner, cette hacienda moderne s’est constituée un peuple de travailleurs immigrés venus d’Afrique, d’Amérique latine et de l’Europe de l’Est. En trois séjours, entre mai 2006 et septembre 2007, Christophe Chammartin a visité cette mégapole, labyrinthe de misère, dont on estime à plus de cent mille le nombre des habitants. Rapportant la ténacité qui vient à bout de la misère, ses images décrivent le mélange des cultures, avec autant d’acuité que de compassion et de révolte." Hervé Le Goff
Genèse du Projet "Je m’implique, depuis de nombreuses années, dans divers projets photographiques liés à l’agriculture. Je réalise entre 2001 et 2003 un reportage documentant le quotidien et l’agriculture communautaire de villages zapatistes du Chiapas. Puis dès 2003, je découvre une agriculture plus solitaire dans les montagnes de Haute Provence à travers le portrait d’un paysan qui lutte pour la subsistance de son exploitation. Lors d’un voyage en 2005 dans le Sud de l’Espagne, je découvre cho- qué, une mer de plastique. Au cœur de ces serres croissent nos légumes hivernaux et vivent plus de 100’000 migrants, nouveaux forçats des temps modernes. Par ailleurs, la question des migrations en Europe me préoccupe fortement. C’est pourquoi je décide, dès 2006, de plonger dans cette mer, d’y consacrer mon attention et mon énergie de photographe. Le besoin d’explorer cette réalité en profondeur et de la comprendre de l’intérieur m’amène à effectuer plusieurs séjours dans la province d’Almeria. Je partage alors le vécu de migrants qui cherchent un emploi dans l’agriculture intensive. A travers les images réalisées, je souhaite communiquer l’interminable attente, l’enfermement et la détresse de ces hommes. J’ai le désir par ce travail couleur moyen format, de communiquer l’émotion que j’ai ressentie en découvrant les images de la grande dépression étasunienne de l’entre-deux guerre. Imprégné tout au long de ce reportage par des travaux tels que “Let Us Now Praise Famous Men” du photographe Walker Evans ou “Les Raisins de la Colère” de John Steinbeck, j’ai centré mon travail sur le vécu humain et social des migrants." Christophe Chammartin
- dossier de presse : www.focale.ch/expositions/09/chammartin/dossier_presse_mail.pdf
- site de l'association Oeil-Sud (fondée par Christophe Chammartin) qui soutient les idées de jeunes cinéastes, photographes ou écrivains. Les projets doivent s’ouvrir sur la réalité de ce monde, la découverte de l’autre, et les initiants doivent faire preuve d’une volonté sans limites à vouloir réaliser leurs propres rêves : www.oeil-sud.ch
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